L'inauguration de leur permanence électorale de Lupino a permis à Gilles Simeoni et à Jean Battì Arena de tenir leur premier meeting devant plus d'un millier de personnes. Les deux candidats de Femu a Corsica à l’élection législative de juin prochain dans la 1ère circonscription de Haute-Corse entament leur campagne sur une déclaration de guerre au système en place à Bastia et en Corse. Des discours très offensifs, axés exclusivement sur les contingences locales.
C'est une nouvelle démonstration de force qu'ont réussi Gilles Simeoni et Jean Battì Arena, mercredi soir, à Lupino en conviant les habitants de ce quartier à fêter l'inauguration de leur permanence sur le parvis de Notre Dame des Victoires. Plus d'un millier de personnes, des militants, des sympathisants, beaucoup de jeunes, mais aussi des électeurs non nationalistes, sont venus écouter les deux candidats à l'élection législative de juin prochain tenir leur premier meeting, confirmant la dynamique qui semble croître autour d'eux depuis le début de la campagne. Un enthousiasme qui n'est pas, sans rappeler, celui qui a donné à la liste Femu a Corsica un score de 26 % aux Territoriales de mars 2010.
Si le but affiché était, d’abord, de faire la fête, ce premier meeting a permis de poser les bases de la campagne, qui vient officiellement de commencer, et qui semble donc, pour les nationalistes modérés, s’articuler autour de la dénonciation en règle du « système en place à Bastia et en Corse » et de la défense des valeurs insulaires.
Arracher la victoire
C'est Jean Battì Arena qui, le premier, a ouvert l'offensive, in lingua nustrale.
En rappelant, d’emblée, qu'il a accepté, sans hésitation, d'accompagner Gilles Simeoni dans cette bataille, non seulement pour représenter le monde rural et agricole dont il est issu, mais pour partager et défendre des valeurs communes. «Tout le monde, aujourd'hui, se retrouve dans les valeurs et l'espérance qu'incarne Gilles à travers son image politique et son humanisme. Les valeurs de notre terre, de notre peuple et de nos racines qu'il est important de porter partout dans les villes et dans les villages. Nous avons besoin de nous lever le matin pour travailler car c'est à nous de donner l'exemple ».
Pour le jeune vigneron de Patrimonio, qui bénéficie d'une belle aura dans la Conca d'Oru depuis sa prestation surprise aux élections cantonales de 2011, la victoire est désormais à portée de main. « Nous vous demandons la force d'aller arracher la victoire parce que, maintenant, nous pouvons parler de victoire. Nous en parlerons dans un mois et ce ne sera pas seulement un tremblement de terre politique au niveau français, mais ce sera une révolution culturelle, une révolution des mœurs dans toute la Corse pour tout notre peuple ».
La liberté de vote
A sa suite, Gilles Simeoni va, d'abord, commenter le choix de Lupino pour sa première prise de parole publique. « C'est un choix politique délibéré. C'est le choix du cœur et de la raison. Lupino est peut-être ce que Bastia a produit de meilleur. C'est le quartier de la générosité, du respect des personnes âgées, di u spiritu paisanu, de la porte ouverte et du partage. C'est celui du peuple corse, laborieux, qui se lève le matin et qui travaille sans rien demander à personne. Malheureusement, ce quartier, aujourd'hui, est à l'abandon. Il n'est pas possible que l'on accepte que l'on vive, bientôt, si ça continue, dans les quartiers de Bastia comme on vit dans les banlieues du continent ».
Pour le leader nationaliste, ce meeting à Lupino est, surtout, une manière de dire aux habitants que « le vieux système est en train de disparaître. Notre présence est pour dire que le temps est fini où il fallait voter par famille entière pour obtenir un appartement HLM, où il fallait faire acte d'allégeance pour obtenir son dû. Lorsqu'on vous donne un appartement vous ne devez rien en retour ».
Il va scander, comme une manière d’exorciser ce qu’il suppose de pressions à venir :
« Le travail normal d'un élu, c'est de se battre pour ses concitoyens. Il n'a pas à demander, en retour, un vote. Votre vote est libre. Votre vote vous appartient ».
Combattre un système
Avec des accents de pré-campagne municipale face à des adversaires clairement désignés, il va affirmer sa détermination à « combattre le système qui a fait tant de mal à Bastia et à la Corse. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer avec ce système qui pèse à Bastia depuis 40 ans. Nous ne pouvons pas continuer à l’échelle de la Corse à supporter le système qui organise le Conseil général et que l’on cherche à transposer aujourd’hui au niveau de la CTC. Ce système nous conduit dans le mur. Il est en train de pervertir ce pays où les jeunes, bientôt, ne chercheront pas du travail, mais chercheront uniquement une place ».
Estimant que ces adversaires « ont déjà perdu », Gilles Simeoni va, de nouveau, expliquer, comme les candidats nationalistes le font à chacune de leurs interventions, que la Corse « est à un point de bascule » et à quel point cette élection législative est décisive. « Si nous gagnons, et nous pouvons gagner, ce sera le premier signe fort, irréversible, que ce système est en train de disparaître et que nous allons le remplacer par une démocratie vivante ». C’est, pour le candidat de Femu a Corsica, l’enjeu principal du scrutin de juin.
Il va fustiger « Ceux qui sont allés à Paris et n’ont pas défendu la Corse, ni ses intérêts, mais n’ont pensé qu’à reproduire leur pouvoir, qu’à asseoir leur emprise, qu’à préparer leur réélection ».
Une démocratie vivante
Revenant sur les propos du nouveau Président de la République qui a, lors de sa venue dans l’île en tant que candidat, affirmé attendre que « la Corse dise ce qu’elle veut », la réponse du leader nationaliste est claire : « Nous voulons une démocratie vivante. Nous ne voulons plus du clan, ni du système ancien. Nous voulons la paix, du travail, préserver notre pays et que nos enfants soient élevés dignement ».
Il promet que les candidats de Femu a Corsica, s’ils sont élus députés, seront au service exclusif de la population de l’île : « Nous serons les défenseurs intransigeants de l’intérêt de la Corse. Imaginez ce que sera le 18 juin, au lendemain du 2nd tour, si vous décidez, à Bastia, d’envoyer à l’assemblée nationale Gilles Simeoni et Jean Batti Arena, à Porto Vecchio, Jean Christophe Angelini … Notre parole aura un poids qu’elle n’a jamais eu ».
Ce premier meeting donne, donc, le ton de la campagne que compte livrer le tandem nationaliste, une campagne focalisée sur la problématique locale, aux antipodes de celle de leur adversaire clairement désigné, mais jamais nommé, Jean Zuccarelli, dont la priorité affichée est, d’abord, de donner une majorité à François Hollande.
N. M.
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