La commune de Corbara, en Balagne a revêtu son habit de lumière en cette journée dominicale marquée par l’inauguration de l’orgue restauré de la Collégiale A Nunziata, en présence de Monseigneur Olivier De Germay, évêque de l'église de Corse.
Il était 17 heures lorsque l’évêque de Corse a présidé la grand-messe, dans une église paroissiale de la collégiale A Nunziata beaucoup trop petite pour accueillir les nombreux fidèles et invités venus de toute la Balagne.
Autour du maire de la commune, Paul Lions et de son conseil municipal, il y avait beaucoup d’élus, aux premiers rangs desquels Jean-Jo Allegrini-Simonetti, maire de L’Ile-Rousse, Josée Martelli, maire de Pigna, Eugène Ceccaldi, maire de Lumio, Rodolphe Santelli, maire de Lavatoggio…
Autour de l’Evêque, beaucoup de membres du clergé étaient présent. Le père Michael Pol, supérieur du couvent de Corbara, le père Olivier-Marie, les frères de la congrégation de Saint Jean, les frères du couvent de Marcassu.
A l’issue de l’Office, Monseigneur De Germay a béni l’orgue restauré, avant d’écouter les sons d’une grande pureté.
A 18h30, les invités étaient conviés à assister à un récital d’orgue exceptionnel dirigé par le Mâitre Wladimir Matesic, co-titulaire des Grandes orgues de la cathédrale de Balagne.
Au programme : "Festival d’orgue européen".
Dans la soirée, sous l’immense tente dressée sur le parvis de l’église, les invités étaient conviés à un cocktail.
La restauration de l’Orgue
En mai 2006, Michel Foussard alors technicien conseil pour les orgues de Corse avait établi un dossier de protection pour cet orgue de tribune de la collégiale A Nunziata de Corbara, qui aboutit à son classement parmi les monuments historiques le 18 janvier 2007. La commune de Corbara, dès lors s’engagea dans l’effort considérable qui aboutit en 2011 à la restauration de l’ensemble tambour – tribune – buffet confiée à Ewa Poli, au relevage de la partie instrumentale de l’orgue confié à Alain Faye, avec la participation de d’Alain Sals ( pour la tuyauterie, l’harmonie et l’accord), à la restauration de la grosse caisse par André Fabre, le tout avec l’accompagnement éclairé de Michel Colin, technicien agréé.
Au vu des recherches, il semble que l’orgue d’origine et l’ensemble du buffet et de la tribune aient été construites à la même époque, soit au début du XIXe siècle. La seule date incontestable se lit sur les volets peints, signés par Francesco Giavarini en 1819. Une autre signature, malheureusement non datée apparue sous les repeints tardifs lors de la restauration par Ewa Poli de l’ensemble tambour-tribune-buffet témoigne du travail du célèbfre ébéniste de Speloncato Anton Giuseppe Saladini : cet ensemble harmonieux et monumental est bien dans l’esprit de Saladini, et son décor peint révélé par la restauration avec ses sculptures, ses couleurs vives, ses argentures et son chiquetage proches du délicat petit orgue de Costa enchante par sa verve populaire. On peut penser que la partie instrumentale ait pu être alors confiée au fils, le facteur d’orgue Anton Pietro Saladini, qui avait en 1819 tout juste 20 ans » explique Elizabeth Pardon de l’association Saladini.
Toujours à propos de l’orgue, on retiendra deux autres dates : En 1890 l’orgue est reconstruit par Filippo Tronci.
En 1978, Philippe Hartmann, alors l’un des meilleurs de la facture d’orgue ancienne sur le continent, se trouve donc, pour cet important relevage, devant un orgue italien composite en mauvais état qui « jouait affreux », doté d’une pression trop forte et d’un ripieno criard, en l’absence de quinte. Il doit faire des interventions lourdes sur le sommier vermoulu, sur la soufflerie, et décide, ne pouvant revenir à l’orgue « Saladini », ni restituer un orgue typiquement ‘Tronvci », de recomposer un Ripieno classique, avec ses rangées de quintes, rabaissant la pression pour mieux faire chanter les tuyaux anciens. C’est ce dernier instrument que les facteurs d’orgue Faye et Sals, en accord avec le technicien conseil ont choisi de relever en 2011.
Le montant total des travaux s’est élevé à 132.332€ ( 70% CTC, 30% commune de Corbara).
A cette fête de l’orgue de Corbara, a été associé le visage de son ancienne organiste, Lina Vigouroux, qui a si fidèlement et si bien accompagné les offices pendant des décennies, tant qu’elle a pu grimper les marches redoutables qui donne accès à sa tribune.
Texte et diaporama Jean-Paul LOTTIER
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