À six jours du 1er tour des législatives, le candidat PS-PRG de la 1ère circonscription de Haute-Corse a présenté, lundi matin, son programme d'action, défini autour de trois engagements et de quatre combats, dont l'emploi. L'occasion pour Jean Zuccarelli, qui serait, selon un sondage, largement distancé par le député sortant UMP Sauveur Gandolfi-Scheit et à un coude-à-coude, qui pourrait lui être défavorable, avec le nationaliste Gilles Simeoni, de tirer à boulets rouges sur ses deux adversaires.
Est-ce la fièvre, à l'approche du 1er tour du scrutin, dimanche, ou l'effet du sondage IFOP qui crédibilise l'idée d'une triangulaire pour le 2nd tour ? Le fait est que la bataille, déjà très disputée dans la 1ère circonscription de Haute-Corse entre les trois principaux candidats, vient de monter en degré.
Sondage en berne
Jean Zuccarelli, qui comptait sur l'effet Hollande pour obtenir un siège au Palais Bourbon, fait face à un sondage qui le place en 2ème position, loin derrière le député-sortant Sauveur Gandolfi-Scheit, qui confirme sa position de grand favori, et au coude à coude avec Gilles Simeoni, qui pourrait bien lui damer le pion. D'autant qu'un sondage préfecture le donne en troisième position, à seulement 20%, loin derrière le leader nationaliste qui raflerait une belle seconde place à 27%. Globalement, les nationalistes, toutes tendances confondues, devraient, comme à l'ordinaire, obtenir, dans la circonscription, des scores plus élevés que ceux que leur accordent, traditionnellement, les sondages.(1)
C'est dire si l'enjeu est d'importance !
Attaque sur deux fronts
Dans la dernière ligne droite en vue du 1er tour, principal obstacle qu'il s'agit de passer, le candidat PS-PRG a décidé de contre-attaquer sur deux fronts : d'abord en proposant un ambitieux programme de son action de député, s'il est élu, ensuite, en tirant à boulets rouges sur ses deux principaux adversaires.
En compagnie de son suppléant, François Orlandi, maire de Tomino et conseiller général du canton de Capo Bianco, il a donc "posé les enjeux et les termes du choix" que devront faire, dimanche, les électeurs. Son programme, qui se veut "simple, accessible et complet", s'articule autour de 3 engagements et de quatre combats prioritaires.
Un enjeu de cohérence
S'inscrivant dans la continuité de l'élection de François Hollande, Jean Zuccarelli s'engage à soutenir l'action présidentielle et à porter le changement et le redressement promis par la gauche. Il appelle à "un choix de cohérence". Un appel plutôt curieux dans une circonscription qui, comme le reste de l'île, a, massivement et sans aucune équivoque, voté à droite !
Il promet d'être un élu de terrain et répète, à l'envie, que sa "double appartenance à la majorité présidentielle et territoriale sera le gage de mon efficacité car nous aurons l'écoute du président et nous pourrons porter la parole territoriale et travailler activement sur les questions d'évolution législative et règlementaire".
La sécurité, une priorité
Ensuite, le président de l'Adec va détailler ses "quatre combats pour la Corse ".
Le premier prône "un Etat fort, décentralisé et solidaire avec une priorité : la sécurité publique". Évoquant la recrudescence des attentats qu'il condamne, il affirme que le sujet illustre, à lui seul, " l'échec de 10 ans de Sarkozysme". Il propose, donc, d'augmenter les effectifs de police et de gendarmerie, d'ouvrir un commissariat annexe dans les quartiers Sud de Bastia et de renforcer les moyens judiciaires et fiscaux.
Son second combat concerne l'emploi avec, notamment, un meilleur accès au crédit et des exonérations fiscales ou sociales pour les PME-TPE. Enfin, il s'engage à défendre le service public, le logement et les spécificités insulaires, notamment la langue et le maintien des avantages dérogatoires, comme les Arrêtés Miot.
Fustigeant "la vision comptable de Sarkozy", François Orlandi, qui se pose en champion de la ruralité, confirme que le nouveau président est "l'homme du renversement de la situation pour que le service public revienne dans le monde rural et qu'il rééquilibre les zones".
Tirs à vue sur le sortant
Fort de ses engagements, Jean Zuccarelli entend se positionner comme "le candidat de l'action" et "le seul à pouvoir avancer et agir efficacement au bénéfice de la Corse" avant de tirer à vue sur ses deux rivaux et leurs stratégies de campagne.
Sa première cible est, sans surprise, le député sortant, donné largement vainqueur du scrutin, quelque soit le cas de figure, duel ou triangulaire. Il va réitérer ses attaques habituelles contre celui qui qualifie de "candidat du passif, du déficit de la présidence Sarkozy dont nous voyons les résultats en Corse tous les jours. Il est coresponsable avec le gouvernement qu'il a largement soutenu".
Il va s'en prendre ensuite au bilan local, que "Sauveur Gandolfi-Scheit met en avant dans sa campagne", qu'il taxe de "très négatif" en lui déniant toute réalisation. "Les seuls éléments positifs qu'il met en avant sont des dossiers où, en réalité, d'autres sont montés au créneau et ont gagné".
Des réalisations disputées
Prenant l'exemple du dossier du rapprochement des prisonniers, il affirme que "Tout ce qui a été obtenu pour les prisonniers corses l'a été sur intervention de l'Assemblée de Corse, à l'initiative du président de l'exécutif et du président de la CTC, dans les deux visites au ministre de la justice".
Enchaînant sur le Sporting, il parle "d'entreprise grossière de désinformation" de la part du député sortant. "C'est clair : 12 000€ du côté du député, 2,4 millions €, soit 200 fois plus des collectivités qui ont vraiment sauvé le Sporting de la disparition, c'est-à-dire, en premier lieu, la CAB, puis la CTC contre l'avis des amis de Sauveur Gandolfi-Scheit, et le département. S'il n'y avait pas eu cet engagement très fort d'Emile Zuccarelli et de Paul Giacobbi, le Sporting aurait perdu son statut de club professionnel. On aurait un stade remarquable, mais sans personne pour jouer dedans".
S'agissant de la localisation du siège de la CCI à Bastia, il affirme que c'est le vote de la majorité territoriale à la CTC qui l'a obtenu.
Entre bilan et avenir
Magnanime, Jean Zuccarelli reconnaît au député sortant sa présence, sa proximité avec les élus locaux et d'avoir distribué sa réserve parlementaire, mais ajoute-t-il, en bémol,"comme tout un chacun doit le faire, le plus équitablement possible".
Estimant qu'on "n'élit pas un député sur un bilan, mais sur un programme d'avenir", il affirme que le député UMP sortant "n'a pas de programme et, pour cause, sur quoi pourrait-il s'engager ! Il ne pourra rien faire, il est condamné à l'inaction".
Des propos que Sauveur Gandolfi-Scheit et les autres députés insulaires, notamment ceux de gauche sortant d'une mandature de droite, apprécieront !
Taclage nationaliste
Puis, Jean Zuccarelli va s'attacher à tacler son rival nationaliste qui menace directement ses ambitions jusque sur son fief local. "Gilles Simeoni se distingue par des incantations, par des sempiternels appels aux résultats historiques et ne s'est, à aucun moment, positionné sur les questions que le gouvernement va soumettre au Parlement. Alors que les électeurs ont besoin de lisibilité, il cultive l'opacité sur ses intentions réelles".
Le candidat PS-PRG entonne donc une ritournelle, tentée par Vincent Carlotti, un autre représentant de la gauche, à laquelle les deux leaders de Femu a Corsica ont, déjà, répondu sans ménagement.
Puis, il va titiller l'élu nationaliste sur sa terre de prédilection, la défense des intérêts de l'île. L'accusant de "n'avoir qu'un mot à la bouche : la défense de la Corse", il paraphrase une réplique célèbre : "Gilles Simeoni n'a pas le monopole de la défense des intérêts de la Corse et de ses habitants, de la corsitude. Je prétends que nous, qui sommes dans l'action, sommes dans le faire, lui se contente d'être dans le dire".
Le candidat de la majorité présidentielle conclut que face à ces trois offres principales proposées aux électeurs, "Nous représentons la seule proposition crédible, celle de pouvoir agir demain efficacement au service de la Corse et de ses habitants. C'est la raison pour laquelle nous appelons les électeurs à se mobiliser dans un geste responsable".
Réponse, dimanche soir...
N. M
(1) Sondage : La préfecture dément
La préfecture de Haute-Corse dément avoir fait procéder, sous quelque forme que ce soit, à un sondage ou à tout autre opération de recueil d'informations ou d'estimations dans le cadre des élections législatives de Haute-Corse.
Dont acte.
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MEI Raymond (mardi, 05 juin 2012 21:51)
Au vu de son discours, le Dauphin se sent en réel danger.Il pensait peut-être que les sondages le donneraient largement en tête au 1er tour. Suite à sa grande déception (puisqu'il risque même de terminer en 3e position, ce qui serait un affront pour le représentant du Système), il contre-attaque en formulant des inepties aussi grossières que celles du règne de sa dynastie depuis bientôt un demi siècle. Son leitmotiv: "Avec un Président de gauche, pour être efficace il faut un député de gauche en Corse". Il fustige ainsi indirectement le bilan des deux députés de gauche durant la mandature Sarkozy.Lui qui n'est au devant de la scène que grâce aux faveurs de papa et papy et non des électeurs, aurait été mieux inspiré de proposer un projet cohérent et non des banalités ou tirer à boulets rouges sur ses adversaires. Le vent de la défaite n'est pas loin.
quella (mardi, 05 juin 2012 23:21)
merci,je partage complètement votre analyse, tout est dit...
Serge (mercredi, 06 juin 2012 08:50)
Bonne analyse...
Sagesse (mercredi, 06 juin 2012 20:16)
Monsieur Raymond votre intervention est très partisane et tout ce qui est excessif devient futile...papy et papa ont été élus par le peuple de Bastia...attendez donc les élections et peut être que,contrairement à ce que dit "quella"tout n'est pas dit !
quella (mercredi, 06 juin 2012 22:36)
le peuple de Bastia n'est plus celui de papy et papa... la Sagesse doit ouvrir les yeux !
Pépé (jeudi, 07 juin 2012 07:18)
Bonjour, j'ai regardé le débat hier soir et il a été très mauvais....fuyons....
Sagesse (jeudi, 07 juin 2012 11:06)
Ils sont tous très mauvais et il faut choisir... alors nous allons voter pour "le moins pire".
christophe (samedi, 09 juin 2012 11:00)
Vous, n'êtes pas objectif. Il à le courage de se présenter devant le suffrage universel, et là il n'y aura ni père ni grand père... pour ce qui est de son programme, par contre, je trouve que Jean ne voit la corse qu'au travers de Paris...
Platoche (samedi, 16 juin 2012 12:05)
Jean va gagné dimanche 17 juin
MEI Raymond (samedi, 01 septembre 2012 01:48)
Et bien non Platoche. Il s'est même complètement enlisé...puisqu'il ne termine que 3ème...Un affront qui doit certainement lui faire regretter sa candidature. Papa n'est pas content, et le lui a fait savoir.La honte de la famille.