C''est en compagnie de son épouse que nous avons rencontré Serge Lenoir, le feu follet de l'attaque bastiaise de 72 à 77. L'œil est oujours vif, derrière une timidité bien présente qui est à des années lumière de son tempérament fougueux exprimé sur tous les terrains lors de sa carrière. Interview.
- Comment êtes-vous arrivez à Bastia ?
- Après Rennes, je voulais voir autre chose, je devais aller à Paris SG mais à, les dirigeants n'ont daigné venir à l'hôtel parisien où j'étais descendu. Et comme le président de Bastia, Paul Natali était présent, cela n'a pas traîné… Et je ne regrette pas bien sûr. A Bastia,j ouer avec des Papi, Dzajic, Pantelic, et j'en oublie, c'était sensationnel.
- Serge avez-vous des regrets d'être parti avant l'épopée de 78 ?
- Bien sûr, qui n'en aurait pas eu ? je suis parti du Sporting pour aller à Brest et quand j'ai vu le parcours du Sporting en UEFA, j'ai eu des regrets. Mais j'avais fait un choix de carrière que j'ai bien évidemment regretté (sa femme aussi d'ailleurs).
En partant à Brest, nous voulions nous rapprocher de notre Bretagne natale et on m'avait promis un projet de reconversion qui, d'ailleurs, n'a jamais vu le jour. Mais je n'ai pas moins été heureux du fabuleux parcours de l'épopée de 1978.
- Votre période Bastiaise reste un moment à part dans votre carrière ?
- Bien sûr et ce à tous les points de vue. Sportivement , humainement. Les Corses sont un peu comme les Bretons, vous êtes accueillis chaleureusement, mais il faut du temps pour qu'un climat de confiance s'installe. Là-bas, pas de superflu que de la sincérité. Il y avait beaucoup de chaleur humaine au sein de l"équipe. Nous étions souvent avec le regretté Claude Papi, André Burkhardt, José Broissart, Denis Bauda ou encore Georges Tignard. Bon, souvent, en fin de soirée, les Corses parlaient leur langue et là on se sentait à l'écart même si on savait que ce n'était pas de la médisance à notre encontre. Les Corses sont des gens chaleureux et qui ne trichent pas, il faut les connaitre pour les comprendre.
- Vous avez connu Pierre Cahuzac, l'emblématique coach du Sporting, était-il si dur que cela?
- Non ce n'est pas le terme. Rigide oui, mais humain malgré tout. Il m'aimait (rires) donc j'avais de la chance. A l'époque, les joueurs avaient le droit de boire un petit verre ou de fumer une cigarette du moment où sur le terrain ils étaient
irréprochables. En revanche, le voir sourire était un véritable moment unique car c'était rare quand même (rires)
- Que pensez-vous de la remontée du Sporting en Ligue 1?
- C'est incroyable, un club au fond du trou il y a encore deux ans et qui revient vers les sommets : pas sûr que tous les clubs puissent en faire autant. Désormais, il va falloir se stabiliser et recruter à bon escient mais il n'y a pas de raison. Malgré tout, il faut
rester les pieds sur terre et admettre que la saison prochaine il y aura des défaites. On vous encense un jour et le lendemain on vous descend. Les supporters vivent de superbes moments depuis deux saisons, mais il leur faudra apprendre la défaite si elle se présente et se montrer solidaires.
- On dit que le public Bastiais fait gagner des points à son équipe, vous confirmez?
- Oh la la… Bien sûr que oui. A notre époque, les adversaires ne traînaient pas à faire du tourisme en Corse, ils n'avaient qu'une hâte c'était de partir de Furiani. Je me souviens d'un match face à Nice ou les Nicois n'osaient pas venir sur le terrain. Ils ont du jouer à 8 ou 9 pour finir. Et l'exemple d'André Guesdon? Avant Bastia, il était à Monaco et on avait été éliminé en coupe. Guesdon avait fait un bras d'honneur aux supporters bastiais de la tribune est. Mal lui en a pris. Monaco a du mettre plus de 4 heures avant de quitter le stade. Il y a une intimidation c'est sûr mais les joueurs sont aussi très proches de leurs supporters. Un jour de match à Angers en coupe de France, je marque le but de la qualification. Les supporters étaient à 2 heures du matin au bas de mon appartement en train de tirer en l'air. Les gens sont tous amoureux du Sporting tout en étant respectueux des joueurs à condition de mouiller le maillot. Je me souviens de ces voisins adorables qui nous offraient du brocciu. Sur le marché, les marchands de légumes nous donnaient fruits, légumes etc... Cela était même gênant mais pas question de refuser à un Corse, malheureux !
- Serez-vous début août pour le match Rennes- Bastia ?
- Pourquoi pas ? Nous irons ensemble (rires).
Avant de partir, comment ne pas offrir, en cadeau, à Serge, le livre qui retrace l'histoire du centenaire du Sporting qu'il a contribué, pendant un temps, à écrire…
Sébastien LECLERC
1972-2012 : Serge Lenoir, quarante ans après…
Écrire commentaire