Bastia : 200 élèves se mobilisent pour préserver l'eau

- En quoi consiste cette manifestation ?

- C'est la concrétisation d'une année de travail. L'association Terra è Natura a été sélectionnée au niveau national par un organisme qui s'appelle : l'Eco-Parlement des jeunes. Le but est de sensibiliser les enfants, tout au long de l'année, à partir de nombreux ateliers que nous avons menés avec la participation des professeurs dans cinq écoles de Haute-Corse : Miomo, Pietranera, Sisco, Bastia et Belgodere.

- Sur quel thème ?

- Cette année, le thème était la protection de l'eau et l'impact des déchets sur cette ressource. Par l'intermédiaire de jeux et d'ateliers ludiques, les enfants prennent conscience de l'intérêt de protéger l'élément eau. C'est leur travail que nous avons présenté aujourd'hui. Certains ont fait des dessins, d'autres ont joué une saynète. Nous avons visionné un film d'une trentaine de minutes, réalisé tout au long de l'année, qui montre les différents avis et les diverses façons d'aborder le sujet par les enfants. Certains sont allés visiter les Eaux d'Orezza, d'autres, le centre de tri situé dans la zone de Tragone à Borgo ou encore le barrage de Calacuccia.

- Vous avez, également, édité un livret. À quel usage ?

- C'est un livret sur ce thème de la protection de l'eau avec une touche locale, une sorte de cahier d'exercices ludiques, composé de jeux auxquels les enfants pourront jouer avec leurs professeurs et un mémo de données chiffrées. Ce travail de recherche et d'élaboration de petits questionnaires a été fait par notre association Terra è Natura. C'est le premier livret que nous éditons et qui s'appelle : Pigliu cura di a pianeta. Désormais, chaque année, nous éditerons un nouvel exemplaire sur un thème différent.

- Pourquoi avoir invité des élus à cette manifestation ?

- Les enfants de chaque école ont lu une lettre ouverte aux élus. Les enfants sont non seulement sensibles à la protection de l'environnement, mais le sont de manière innée. Ils ont compris qu'il fallait protéger la nature et le disent aux élus. Ils leur demandent de les aider à protéger la nature, à agir dans le bon sens, à faire évoluer les lois et les réglementations. Et les élus sont à l'écoute. On sent leur volonté d'améliorer la situation. Le Syvadec est très efficace dans ce domaine, mais les actions ont besoin de temps pour se mettre en place.

- De nombreuses associations travaillent sur ce thème de l'eau avec des enfants. Pourquoi ne s'intéressent-elles qu'à ce public-là ?

- Parce que les scolaires sont le public le plus important à travailler et les générations qui seront les plus concernées par ce problème. Aujourd'hui, malheureusement, il y a des générations qui sont étanches à ces sujets. Pendant trois ans, nous avons organisé, à Bastia, le festival de l'éco-citoyenneté qui regroupait des professionnels liés à la protection de l'environnement, des associations et des collectivités. Le festival, qui était ouvert au grand public, a du s'arrêter par manque de moyens humains et financiers. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur les écoles et d'intervenir plusieurs fois dans l'année pour parler d'un thème différent.

- Pourquoi les collèges et les lycées sont-ils exclus de ce travail de sensibilisation ?

- Leur programme, trop chargé, ne permet pas d'intervenir, ni de caler autant de sorties dans l'année. De plus, ce travail exige un investissement aussi bien des professeurs que des écoles et du temps dont les élèves ne disposent pas dans le cadre de l'Education nationale.

- Ce travail, qui n'est pas relayé après l'école primaire, est-il suffisant pour marquer l'esprit des enfants et modifier en profondeur leur comportement ?

- Nous l'espérons. Pour l'instant, nous n'avons pas assez de recul pour le savoir. Si nous ne sommes pas les seuls à travailler auprès du jeune public, c'est que ce public est à l'écoute. C'est une génération qui va former les plus grands et leur tirer l'oreille sur ce qu'il ne faut pas faire. Ce ne sont que des petits gestes, des éco-gestes que nous leur apprenons, qui sont presque devenus des clichés : prendre une douche plutôt qu'un bain, fermer l'eau du robinet quand on se lave les dents, etc. Mais si chacun agit un petit peu, au bout du compte, tous ces petits gestes vont peser. Nous croyons réellement que les enfants vont modifier le comportement de leur famille.

- Comment évaluez-vous l'impact de votre action ?

- Nous sommes une association reconnue au niveau régional et soutenue par divers partenaires, notamment le Syvadec, le ministère de l'environnement via la DREAL, le Conseil général, l'Office Hydraulique. Nous n'avons pas de recul, pas de suivi parce que nous travaillons toujours sur les mêmes classes, donc nous ne revoyons pas les mêmes enfants pour vérifier comment ils ont évolué. Par contre, d'une année sur l'autre, les instituteurs nous redemandent d'intervenir parce qu'ils estiment que le message, que nous faisons passer à leur classe, est suffisamment solide et efficace. Notre planning pour l'année 2012-2013 est déjà complet. Même si nous ne suivons pas les enfants dans leur parcours, nous sommes intimement convaincus que la stratégie adoptée est la bonne.

                                                                                 Propos recueillis par Nicole MARI

L'Eco-Parlement des jeunes

Depuis bientôt 10 ans, le programme Eco-Parlement des jeunes rassemble les jeunes et les acteurs de l'éducation à l'environnement et au développement durable d'un même territoire autour d'un projet commun. Aidés d'enseignants et d'éducateurs, les participants collaborent pour trouver des réponses concrètes aux préoccupations environnementales de leur territoire sur un thème choisi en début d'année scolaire et en lien avec le développement durable.

En 2011/2012 :

- Six territoires sont concernés : le Béarn, le Jura, l'île de France, les Alpes Maritimes, la Corse et la Réunion.

- Les projets portent sur l'eau, la biodiversité, l'alimentation responsable, le tri et le recyclage des déchets.

- 55 classes du CP à la 2nde