C’est sur l’exploitation Fieschi Fruits à Vescovato, en plaine de Casinca, que l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse) a lancé une campagne de promotion estivale pour deux filières : les fruits et légumes corses et le veau corse. L’objectif est de mieux valoriser ces produits et d’accroître leur notoriété auprès des consommateurs, insulaires ou touristes, pour augmenter les parts de marché local. Explications, pour Corse Net Infos, de Jean-Louis Luciani, président de l’ODARC.
Pourquoi l’ODARC a-t-il lancé cette double campagne de promotion ?
- Les deux filières concernées, les fruits et légumes et le veau, n’ont pas d’organisation propre leur permettant de mobiliser les crédits européens, comme c’est le cas, par exemple, pour les filières viticole et oléicole qui financent ainsi leur propre promotion. Nous souhaitons, à travers cette campagne, que le consommateur se réapproprie ces produits, dont le prix est certes différent de celui de produits venant d’Espagne ou d’Amérique du Sud, mais qui sont d’une qualité extraordinaire.
- Est-ce la première fois que l’ODARC mène une telle opération ?
- Oui. Antérieurement, l’ODARC intervenait en finançant le CREPAC qui portait ce type d’opérations. Le CREPAC (Comité Régional d'Expansion et de Promotion Agricole de la Corse) a cessé son activité depuis plusieurs mois, mais était défaillant depuis plusieurs années. Nous avons voulu, cette année, reprendre cette prérogative, à la demande notamment de ces deux filières pour être à leurs côtés pendant la saison estivale en montant cette opération de promotion de la qualité : « Fruits et Légumes de Corse, très frais, très près ».
- Combien de temps dure cette campagne ?
- C’est, pour l’instant, une campagne ponctuelle qui se déroule jusqu’à la fin de l’été, c’est-à-dire mi-septembre. Les fruits et légumes sont des produits de saison. Nous sommes donc au cœur, au niveau le plus haut de la production, donc de la consommation. Le veau est un produit que l’on travaille toute l’année, mais nous avons voulu profiter de la saison pour essayer de dynamiser les ventes. Nous ferons ensuite un point avec la filière et les producteurs, avec qui nous travaillons en partenariat étroit.
- De quelle manière se décline-t-elle ?
- Au delà de la campagne d’affichage et de la campagne presse et radio, un travail sur le terrain, dans les grandes surfaces, sera réalisé à partir d’un certain nombre d’opérations. D’abord, des visuels seront placés pour permettre au consommateur d’identifier rapidement ces productions locales dans les rayons. Ensuite, tous les fruits et légumes insulaires seront regroupés dans un « marché corse » avec une PLV spécifique.
- Les hypermarchés ont-ils tous accepté de jouer le jeu ?
- Toutes les enseignes présentes en Corse sont parties prenantes de l’opération que nous leur avons présentée en mars dernier. Elles se sont montrées enthousiastes à nous accompagner dans cette démarche et à participer au développement de ces filières. Elles représentent 64 magasins dans lesquels nous organiserons des animations et des dégustations pour aider le consommateur à faire son choix. Nous visons, à la fois, le touriste et le consommateur local qui doivent se réapproprier le goût, disparu malheureusement dans la standardisation et l’uniformisation. Or, en Corse, nous avons des produits extraordinaires, de qualité, sans pesticide, souvent issus de démarches bio… Il faut le faire savoir.
- Que fait l’ODARC pour soutenir ces deux filières ?
- Nous accompagnons les producteurs dans leur volonté de s’organiser, de se structurer et d’avoir une approche collective, surtout au niveau de la commercialisation. Egalement au niveau de la production, à travers un cahier des charges et l’obtention de certifications et de labellisations. C’est déjà le cas dans le vin, l’huile d’olive et le miel. Les filières, qui ont fait l’effort de s’organiser, d’avoir une réflexion commune sur le développement et des productions de qualité, sont en avance. L’exemple du vin est symptomatique. D’autres filières sont plus en retrait, comme la filière bovine, qui pâtit de l’image de la divagation animale et de connotations négatives.
- Cette image a-t-elle un impact direct sur la consommation ?
- Elle dévalorise des produits de très bonne qualité issus de cette filière qui compte un nombre important de producteurs et repose sur la double problématique du veau de plaine et du veau de montagne. Nous obtenons, depuis quelques mois, de bons résultats. Nous avons travaillé sur le cahier des charges avec le producteur, fait des tests auprès des consommateurs et travaillé sur le produit fini avec de grands chefs, qui nous ont montré comment cuisiner un veau de 6 ou 7 mois. Ce veau corse est un produit extraordinaire qu’on ne trouve nulle part ailleurs en France, à part, peut-être, dans les Alpes.
- En quoi ce veau est-il unique ?
- C’est un veau léger de montagne, élevé sous la mère, à la viande tendre. C’est une carte importante à jouer pour structurer une agriculture en montagne, dans des villages de l’intérieur durement touchés par la désertification. L’élevage demande un travail considérable de réappropriation qui ouvre des problématiques comme celles du foncier parce qu’en Corse, l’élevage est extensif et nécessite un foncier important. Autre problème : la reconnaissance de ce type de pratiques pastorales par la Commission européenne avec des notions de prairies permanentes.
- La production de fruits et légumes d’été est-elle écoulée sur le marché local ou en partie exportée ?
- Le producteur, qui nous reçoit, vend 50 % de sa production de pêches et d’abricots sur le continent, à Rungis, la plateforme qui absorbe le gros de la production en France. Ses volumes lui permettent, sur des produits de qualité, d’appréhender des marchés extérieurs. Même si ces exportations restent marginales, elles permettront à des jeunes, qui veulent s’installer, de pouvoir appréhender ces marchés, de vivre décemment et surtout de travailler le foncier. Pour constituer l’amont, il faut un peu maîtriser l’aval. Investir des sommes considérables dans ces vergers qui ne vont produire qu’au bout de quelques années, sans avoir de visibilité sur la commercialisation et le marché, paraît invraisemblable.
- Le veau corse, est-il également exporté ?
- Non. Le volume de la production n’est pas suffisant. Il faut travailler sur les produits pour les stabiliser, en collaboration avec les associations de producteurs et sur un cahier des charges. Ensuite, développer des volumes pour aller vers des marchés extérieurs. Les tests, réalisés au printemps dernier avec les cuisiniers du Cercle des Grandes maisons, nous ont conforté dans l’idée qu’il fallait continuer à travailler sur la valorisation du produit.
- Trouvez-vous que le consommateur n’achète pas assez de produits locaux ?
- Au fil du temps, des générations et de l’évolution de la société, le lien avec la terre et les produits du terroir s’est un peu distendu. Il y a encore deux générations, le lien était très direct dans la mesure où la plupart des familles était en situation de production dans une économie de subsistance. Tout le monde avait, dans son environnement familial, des producteurs. Aujourd’hui, c’est la génération Mac Do, il faut se réapproprier ce lien, ces valeurs de qualité, ces produits et surtout ces goûts. C’est pour cela que nous avons lancé, il y a quelques semaines, une opération dans les écoles auprès des classes de CM1-CM2 à partir d’un support pédagogique, une bande dessinée qui s’intitule : « Gusti di Corsi, Saveurs de Corse ».
- Les produits corses ne sont-ils pas trop chers par rapport aux produits importés ?
- On ne peut pas comparer des produits qui ne sont pas comparables. Le goût, la saveur et la qualité des produits ont, bien évidemment, un prix. Le produit corse n’a pas vocation à occuper tout l’espace dans une grande surface, mais à trouver sa clientèle car les gens reviennent vers le goût. Il est concurrencé par un produit qui est, peut-être, 30 à 50 % moins cher mais qui n’a strictement rien à voir en termes de qualité, de couleur, de fraicheur et de saveur. La Corse ne dispose pas, aujourd’hui, d’une agriculture lui permettant de traiter des volumes, mais dont la vocation est de travailler sur des niches de marché, principalement sur des produits de qualité. Il reste, pour cela, un travail considérable à faire.
Propos recueillis par Nicole MARI
La suite de notre interview demain : L’avenir de l’agriculture corse
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