Les pilotes de bombardiers d'eau de la base de Marignane , "inquiets quant à l'avenir de leur outil de travail", une flotte de 23 avions spécialisés dans la prévention et la lutte contre les feux de forêt, menacent de se mettre en grève à partir de dimanche comme ils l'avaient annoncé il y a plusieurs jours déjà.
"Il nous faudrait 10 millions d'euros annuels pour la maintenance" en plus des 35 millions actuels, explique à l'AFP François Tauveron, délégué du SNPNAC (Syndicat national du personnel naviguant de l'aéronautique civile), au moment où débute la saison des feux dans le sud du pays.
Les 88 pilotes de la base de Marignane, "dont 85% sont syndiqués" selon lui, sont les seuls en France à voler à bord des 12 Canadair, 9 Tracker et 2 Dash 8 que compte la flotte de la Sécurité civile.
Vendredi après-midi, trois Canadair étaient ainsi de sortie pour éteindre un incendie démarré à Allauch, près de Marseille, qui a brûlé 3 hectares de pinède.
La Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) avait annoncé au printemps vouloir laisser au sol cet été deux Canadair, ainsi qu'un avion de coordination Beechcraft 200, ordinairement utilisé en Corse, pour économiser de l'argent sur la maintenance.
Devant cette décision, M. Tauveron a envoyé un courrier de préavis à Jean-Paul Kihl, leur patron, annonçant le début d'un mouvement pour le 1er juillet, ainsi qu'une lettre au nouveau ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, lui demandant une entrevue, restés sans réponse.
Dans ces courriers, les pilotes dénoncent notamment une "réduction du format de la flotte d'avions" et une "forte dégradation du dialogue social".
A l'issue d'une réunion vendredi après-midi entre la direction et les représentants syndicaux, un "document a été signé par M. Kihl sur lequel il fait des propositions d'avancées", a-t-on appris auprès de Patrice Faure, sous-directeur des Moyens nationaux.
"Les deux Canadairs qui étaient en réserve opérationelle reviendront en service courant à partir de lundi", a-t-il ainsi été annoncé aux pilotes, à qui il a par ailleurs été demandé de "gérer et optimiser les potentiels" des avions.
M. Tauveron a admis vendredi soir que le problème des Canadair était réglé "à court terme". Il s'est en revanche dit "extrêmement déçu sur le fond du problème, à savoir la maintenance".
"M. Kihl nous a dit que ce n'était pas de son niveau et qu'il ne pouvait rien faire" pour la rallonge budgétaire souhaitée, a-t-il ajouté, demandant à nouveau que "le ministre les reçoive pour leur donner des garanties".
"On est d'accord pour faire des économies mais nous ne sommes que des pilotes, ce n'est pas à nous d'imaginer les solutions", a-t-il poursuivi, annonçant la tenue d'une assemblée générale dimanche matin.
En poste à la Sécurité civile depuis 2003 après avoir été dans l'armée, comme "99% des pilotes de bombardiers d'eau", M. Tauveron estime que le format de la flotte est calibré pour une saison de feux normale, pas pour des étés comme ceux de 2003 ou 2005, "où de nombreuses maisons avaient brûlé".
Le syndicaliste, qui dénonce par ailleurs une réduction de 10 à 20% ces dernières années du budget de la base, craint "que des avions restent au sol en 2013 parce qu'il n'y aura pas eu l'argent pour les entretenir pendant l'hiver".
S'ils devaient maintenir leur mouvement social, les pilotes, même grévistes, resteraient malgré tout réquisitionnables en cas de besoin. Cependant les grévistes ne seraient pas pré-positionnés en détachement sur les lieux à risques, mais devraient partir de Marignane, préviennent-ils.
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