La culture n’est jamais une entité figée, un héritage, c’est un processus qui se construit dans l’interaction. Elle permet aux hommes de faire société, c’est-à-dire de définir les conditions de leur vouloir-vivre ensemble, les codes pour se reconnaître et se distinguer des autres, en même temps que la façon d’organiser leurs relations avec les autres. Le résultat des interactions n’est pas déterminé : il est parfois positif, parfois négatif.
La mondialisation pose un défi supplémentaire à la pensée et à l’action.
On ne peut plus penser le local en faisant abstraction de la dimension mondiale, souvent comprise à travers le prisme exclusif de l’État-nation. Les théories inventées par les économistes, les politologues et les stratèges pour appréhender et traiter les réalités transfrontalières ont montré leurs limites avec la crise économique et financière, elle-même miroir de la crise politique, pour l’heure sans résultat concernant la maîtrise des problèmes globaux.
La focalisation sur les enjeux économiques a conduit à occulter les autres aspects de la mondialisation et notamment sa dimension culturelle. De surcroît, la polarisation sur l’aspect national
des cultures et des identités ne permet pas de saisir l’importance de la mutation que constitue l’émergence d’un nouvel écosystème symbolique, qui affecte la capacité de socialisation de toutes
les cultures.
La diversité culturelle doit être reconnue et valorisée
La complexité des interactions entre la société et la culture comporte des conséquences à tous les
échelons : régionaux, nationaux et internationaux. Elle s’exprime aussi dans la reconfiguration des espaces symboliques ou des aires géoculturelles, qui ne coïncident pas avec le bon vouloir des
frontières étatiques. Les relations pacifiques entre les peuples ne pourront désormais être assurées sans établir les conditions d’interactions relativement équitables entre les cultures du
monde. La diversité culturelle doit être reconnue et valorisée comme source de richesse plutôt que combattue comme autant de raisons de conflits.
Quatrième pilier du développement durable
Lors du forum de Porto Alegre en 2002, la culture apparaît pour la première fois comme le quatrième pilier du développement
durable. Le Forum des Autorités Locales de Barcelone en 2004 s’approprie l’idée.
C’est alors que naît l’Agenda 21 de la Culture, document de référence destiné à l’ensemble des pouvoirs locaux.
A l’heure d’un nouveau PADDUC, les acteurs culturels et les Institutions organisent souvent leur action autour d’une interaction entre projet artistique et culturel et développement durable. Ce
qu’il y a d’intéressant à constater, c’est à quel point cette idée permet de réintroduire du jeu dans les politiques culturelles et même de revisiter leurs bases de fond en comble. Les enjeux se
font : sortir la culture de l’entre-soi, rechercher les croisements avec d’autres domaines (éducatifs, sociaux, économiques, environnementaux), viser la participation du plus grand nombre à une
vie culturelle choisie et donc riche de diversité, accorder un rôle crucial à l’éducation artistique et culturelle, soigner le développement des villes – leur architecture d’aujourd’hui aussi
bien que leur patrimoine -, veiller à la qualité du vivre ensemble, faire une place plus conséquente à la recherche et à l’évaluation pour soutenir le développement culturel, donner tout son sens
au principe d’autonomie des acteurs et des pouvoirs locaux en l’inscrivant dans une philosophie de la coopération et du contrat, reconnaître le rôle de l’économie dans la culture, donc des
industries culturelles et de tous les autres types d’acteurs.
Rapprochement
Le secteur culturel est toujours plus précarisé. En Corse comme ailleurs la crise globale a atteint toutes les économies (privées et publiques). Alora
chi femu ? Faut-il se contenter de faire le dos rond, laisser passer les difficultés en évaluant les dégâts après coup ou réagir contre la fatalité, redoubler d’imagination, de créativité,
d’intelligence collective et nécessairement de volonté politique ?
L’ambition de ces premières Assises de la Culture Corse est de rapprocher les Institutions, les médias et les acteurs culturels pour donner un début de réponse.
Le 27 Juillet à Corte
Les assises se tiendront le 27 Juillet à la Fac de droit de Corte.
Le programme
14 heures: accueil des participants
14h30 : Ateliers
- Quel modèle de développement culturel pour la Corse ?
Modérateurs : Jean-Pierre Martinetti (Directeur Général de la Cité de la Culture et du Tourisme Durable), Michel Vergé Franceschi (historien, président de la Société Française d’Histoire Maritime)
- Comment replacer le créateur au centre du processus culturel ?
Modérateurs : Guy-Paul Chauder (artiste – peintre), Fabienne Franceschini (productrice)
- La culture corse a-t-elle une place dans la sphère médiatique globalisée ?
Modérateurs : Véronique Emmanuelli (La corse Votre Hebdo) – Petru Mari (France Bleu Frequenza Mora)
16h15 : interventions en plénière : ”identité et culture”
17heures : synthèses des ateliers et débat avec la salle
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