Président du mouvement, Une Nouvelle Corse, qu’il a lui-même créé, Jean-Martin Mondoloni a participé au débat des Ghjurnate di Corti sur l’évolution institutionnelle. Ce tenant d’une droite corsiste, qui ne prend pas d’ordres de Paris, explique, à Corse Net Infos, qu’il faut construire une société de confiance, hors des clivages politiques. Se voulant sans dogmatisme, ouvert aux solutions proposées et largement favorable à l’autonomie de l’île, il insiste fortement sur la question des moyens.
- Quel a été, pour vous, l’intérêt de participer à ce débat ?
- C’est, d’abord, une règle de savoir-vivre que de répondre à l’invitation de gens qui veulent vous faire participer à un débat. Je suis venu en qualité d’invité, au nom d’un mouvement qui s’affiche à droite, mais qui revendique, très largement, le fait régionaliste, indépendamment des instances parisiennes avec lesquelles nous n’avons aucun lien. C’est, ensuite, une façon de contribuer à une société de confiance qui ne peut se construire que si les gens, qui ne sont pas d’accord, se rencontrent à un moment donné. Je ne suis devenu ni indépendantiste, ni nationaliste. Je suis de droite et je considère que la présence de la Corse dans la République peut et doit être une chance. Pour autant, ce n’est pas parce que nous avons quelques sujets de divergence avec nos adversaires politiques d’aujourd’hui que nous ne devons pas nous réunir avec ceux qui feront la Corse de demain et discuter sur des sujets de rassemblement.
- Quels sujets ?
- La langue corse doit être un sujet de rassemblement. La problématique de la terre, aussi. Les problèmes sont parfois posés sur le plan politique, mais les solutions, elles, ne sont pas politiques. Elles ne sont, ni de droite, ni de gauche, ni nationalistes. Elles sont au service d’un peuple qui a envie de parler sa langue, de vivre sur sa terre et qui cherche à construire un projet de société qui lui est propre.
- Quelle est votre position sur la citoyenneté et le statut de résident ?
- Je ne pense pas qu’il y ait une solution, mais une combinaison d’outils existants comme la mobilisation des fonds fonciers et des réserves foncières à laquelle viendra se joindre la question du statut de résident. Il faut des outils de régulation des mécanismes financiers de la spéculation. Il est indispensable, aujourd’hui, de stopper rapidement l’idée consistant à croire que la Corse peut être une terre de spéculation, notamment via des outils fiscaux sur les plus-values. Et, au bout du compte, adjoindre à ces outils existants, l’idée du statut de résident à laquelle je n’ai pas, d’un point de vue dogmatique, de résistance à priori.
- C’est-à-dire ?
- Si cette question de statut de résident fait consensus, il ne faut pas l’abandonner au motif qu’il y aurait clivage, il faut y aller. On ne peut pas céder aux forces de l’argent au motif que le statut de résident a été initié par quelques uns qui en auraient la paternité et que, donc, il faudrait ériger un dogme contre cette idée. Ça n’a pas de sens ! Encore une fois, les solutions n’appartiennent pas à un camp. Il faut étudier ce statut, d’abord d’un point de vue juridique, ce qui me semble assez complexe.
- Etes-vous favorable à l’autonomie de la Corse ?
- Oui et, mille fois, Oui… à deux réserves près. L’autonomie, c’est d’abord ce que les hommes en font. Il faut donc mettre un certain nombre de garde-fous pour ne pas laisser le pouvoir à n’importe qui. L’autonomie dépend, ensuite, en grande partie, des moyens qui lui sont alloués pour fonctionner. Donc, se posera rapidement la question des moyens qui ne pourront provenir que, soit d’enveloppes de péréquation, soit de transferts de fiscalité, soit de moyens propres à la Corse. Mon mouvement, Une nouvelle Corse, a, depuis longtemps, proposé l’idée d’un grand emprunt. Je pense qu’inévitablement la mobilisation des fonds nécessaires pour réaliser tous les sujets, dont nous avons débattu, nous conduira à la combinaison de ces trois solutions.
Propos recueillis par Nicole MARI
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