Présentation, samedi à la cinémathèque de Porto-Vecchio et en avant- première de Superstar, l'homme qui ne voulait pas être célèbre, le film de Xavier Giannoli, en présence du réalisateur et de l’acteur principal du film Kad Merad. Impérial cadeau, fait par le réalisateur, enfant de l’île, fils d’un écrivain bastiais, et Kad Merad qui ont été chaleureusement reçus par Georges Mela, maire de Porto-Vecchio, les représentants de l’Association Casa di Lume, Dominique Landron et Jean-Pierre Mattei, respectivement président de la Cinémathèque de Corse et vice-président, fondateur de la cinémathèque.
Sélectionné en compétition officielle à la Mostra de Venise 2012, et au festival du film de Telluride aux Etats Unis, le long métrage, déjà bien perçu par la critique, est une adaptation libre
d’un fait divers relaté dans le roman l’Idole, de l’écrivain français Serge Joncour et dont le résumé lu dans un journal a donné le point de départ à l’écriture, d’un rôle spécialement
pensé pour Kad, son ami de 20 ans.
" J’attendait de trouver le bon sujet, chaque syllabe a été écrite pour lui, et je pense que faire jouer ce rôle par une très grande star, qui est devenue très célèbre, en pensant que sa
célébrité a pris le pas sur son talent d’acteur, jusqu’à parler de lui comme d’une star et non d’un très grand acteur, ce qu’est Kad, était évident pour moi. Kad peut incarner quelque chose de
très familier de presque banal, avec en même temps un charme et une émotion."
Superstar est une comédie dramatique dans laquelle un homme lambda voit sa vie détruite à cause d’une célébrité soudaine et inexpliquée, créant même le buzz sur internet. Sujet d’actualité grâce
aux réseaux sociaux, à la télé réalité… sauf, que cet homme ne veut pas être connu, il veut juste qu’on respecte sa dignité, son humanité, donc son anonymat explique le réalisateur.
Le retour en arrière semble improbable.
Subitement aimé ou mal aimé, connu et reconnu, devant faire face à une hystérie collective, la question de Martin Kazinski est toujours la même : mais pourquoi ? Là n’est pas le sujet, mais
que se passe t-il lorsqu’on ne maitrise plus sa propre vie face aux médias, à internet, à l’argent, à l’immoralité ?
Bien au-delà de la simple célébrité, c’est la question du sens qu’elle peut avoir dans le monde d’aujourd’hui, que j’ai aussi voulu poser. Cette situation du refus impossible est au fond très
angoissant ajoute Xavier Giannoli.
Atmosphère angoissante, accentuée par des images filmées dans des lieux clos, métro, hypermarchés, studios d’enregistrement… ne laissant finalement s’envoler vers un ciel absent qu’un long cri
chargé en émotions négatives et que l’on voudrait libérateur d’une révolte juste intérieure.
Merveilleux Kad Merad, dont le registre comique est bien connu de tous, mais à qui le drame va comme une seconde peau.
Une absence que l’on peut toutefois regretter à la présentation de ce film, Cécile de France. Elle y incarne Fleur, une journaliste qui suit la folie médiatique que libère Martin Kazinski.
Tour à tour le manipulant et pleine de compassion, elle se parle à elle même, à voix basse, comme on prie, comme si aucun autre interlocuteur n’était possible.
Xavier Giannoli, étudiant en lettres, journaliste, puis assistant metteur en scène, réalisera son premier court métrage Le Condamné en 1993. Il viendra au long métrage en 2003, avec
Les Corps impatients.
Primé à bien des reprises, souhaitons à son film le succès qu’il mérite au Festival de la Mostra de Venise.
Superstar sortira en salle le 29 août.
Marilyne SANTI
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