Le 21 août 1975, le Dr Edmond Simeoni et des militants de l’ARC (Action régionaliste corse) occupent la cave Depeille à Aleria pour dénoncer un scandale vinicole. Cet acte, qui tourne au drame, va transformer, de manière radicale, les relations entre l’île et Paris. 37 ans après les faits, celui qui est devenu la figure historique du nationalisme corse analyse, pour Corse Net Infos, la portée politique et les conséquences des événements d'Aleria.
- Quel regard portez-vous, 37 ans après, sur ce qui s’est passé à Aleria ?
- Je me rappelle la gravité des faits, qui a conduit deux volontés féroces – celle d’un Etat colonial tétanisé sur sa tutelle et celle de l’ARC, déjà porteur de l’émancipation du peuple corse - à un affrontement. Depuis 1964, avec le CEDIC (Comité d'études et de défense des intérêts de la Corse) en particulier, nous étions en première ligne dans des combats sévères, pour l’emploi, l’intérieur de l’île, les Arrêtés Miot, les luttes fiscales, le chemin de fer, la langue, l’Université, la terre, la diaspora et la loi du retour, puis les Boues rouges en 1973, etc.
- Peut-on dire qu'Aleria a été l'acte fondateur de ce qui est devenu, par la suite, le nationalisme corse ?
- La Corse a résisté à la répression après la défaite de Ponte Novu. Puis, progressivement, une francisation systématique, éprouvée, lui a ôté toute identité collective publique. L’exil organisé a vidé les campagnes. Mais, l’aspiration à la liberté a toujours existé comme, auparavant, contre les Génois. Il y a eu des revendications culturelles. Par contre, Aleria reste l’acte significatif initial d’opposition frontale, d’essence nationaliste, au colonialisme qui s’est appuyé sur le système claniste pour désarmer et aliéner la population.
- Comment, avec le recul, expliquez-vous la démesure de la réponse de l'Etat ?
- La France a un palmarès impressionnant dans ce domaine. Grâce à la qualité de son peuple, à sa richesse, elle a sacré la royauté, puis l’empire. Malgré la Révolution de 1789, elle a consacré le colonialisme, oppresseur et sanglant, pour aboutir à une République, sclérosée aujourd’hui, dans un des derniers « Etats-Nation » de la planète. En 1975, elle est impréparée et hostile à toute remise en cause de l’unité nationale ou à toute vélléité qui serait susceptible de la remettre en cause. La France est un pays très nationaliste, à mon sens européen par nécessité plus que par conviction.
- Pensez-vous qu'Aleria a eu une influence déterminante sur les relations entre la Corse et l'Etat et sur la manière qu'a eu l'Etat, depuis 1975, de traiter la question corse ?
- L'Etat est hyper centralisé et hyper jacobin. Il ne peut pas tolérer ce qu'il considère comme une atteinte à l'unité nationale. La politique de l’Etat et de son allié, le clanisme, est claire : renforcer la tutelle, diviser les Corses, susciter les ambitions des notables. L'Etat a pris conscience, en 1975, de la résurrection du nationalisme corse et, depuis cette date, avec trois statuts insuffisants et frileux, il n'a eu de cesse de renforcer le clanisme, ennemi de l'émancipation.
- En dehors des statuts particuliers, quelles sont les autres conséquences directes d'Aleria ?
- Il est avéré que la création de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) et l'instauration de la Continuité territoriale sont à verser au crédit d'Aleria avec, malheureusement, l'activation efficace de l'institution départementale créée un an avant. Il y a eu, aussi, la suppression du scandaleux vote par correspondance, remplacé par le vote par procuration qui a eu ses propres avanies. Aleria a donné un coup d’arrêt sévère à la colonisation agraire de la SOMIVAC (Société d’aménagement pour la mise en valeur de la Corse) et touristique de la SETCO (Société pour l’équipement touristique de la Corse). Par la suite, les luttes se sont diversifiées et amplifiées avec la création, en 1976, d’un mouvement nationaliste radical, légal et clandestin (le FLNC). La situation actuelle traduit la convergence de toutes les luttes – politiques, économiques, sociales et culturelles - depuis quarante ans.
- Quelle est la portée symbolique d'Aleria face au changement, à la fois politique et des mentalités, illustré dans les chantiers en cours à la CTC : réforme constitutionnelle, coofficialité de la langue, statut de résident ?
- L’opinion publique situe Aleria comme une fracture contre le colonialisme. Il est manifeste que la Corse nouvelle est en gestation depuis 1960. La frilosité des différents statuts n’est que le reflet de l’opposition de l’Etat à l’émancipation du peuple corse, communauté de destin. On ne peut pas nier que l’Etat privilégie le clanisme pour tenter d’éradiquer l’aspiration à la liberté et à la démocratie.
- Croyez-vous, en cas de non réponse de l'Etat aux demandes de révision constitutionnelle, qu'un nouvel Aleria soit possible ?
- La marche en avant est désormais irréversible. Le peuple refuse l’aliénation foncière et du patrimoine, la perte de son identité, la submersion démographique, l’adémocratie et l’archaïsme. Il aspire à la paix et au développement partagé. Le dialogue, franc et sincère entre toutes les forces vives de l’île et de la diaspora, de tous les élus avec l’Etat est la seule solution transactionnelle qui prenne en compte les intérêts légitimes des parties. Je préfère ne pas imaginer le refus de dialogue car, alors, réellement, il faudrait craindre une forte détérioration de la situation. Impensable, car déraisonnable.
Propos recueillis par Nicole MARI
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olivier (samedi, 25 août 2012 08:37)
paroles, paroles!
et complicités journalistiques passives à minima.
arrêtez de dire que le peuple corse, l'opinion publique corse pense ci, pense ça !
ni les sondages dont lexactitude reste à démontrer, ni les élections ne disent cela...
chacun a sa place: je pense, mon mouvement pense, la sensibilité que je représente.....
mais arrêtez votre propagande: essayez de convaincre et non d'embrigader!
enfin vous reprochez à la France d'être un état nation et vous voudriez créer l'état nation corse!
U Palatinu (samedi, 25 août 2012 12:56)
Bah...
Tout cela fait partie du passé, et de notre histoire récente, et j'incline à penser que ça a quand même joué un grand rôle dans l'histoire de la Corse. Non ?
quella (samedi, 25 août 2012 15:54)
Heureusement qu'il y a eu Aléria !! D'accord avec vs Palatinu...
bruno (samedi, 25 août 2012 18:51)
Heureusement qu'il y a eut Aleria et tout ce qui en a découlé derriére avec ses bon et ses mauvais coté,heureusement que des sites ont été classés au patrimoine mondial,sinon la corse serait bétonée,ses plages privatisée,sans parler de la langue et de son identitée qui aurait disparue,il faut lutter politquement contre la spéculation immobiliére.Cette terre appartient a nos enfants et a eux seul...
Olivier (samedi, 25 août 2012 23:42)
Cest sans doute la spéculation et les coloniaux qui louent des f3 à près de 1000€ par moi aux jeunes qui n'arrivent pas à s'installer
Sans doute les terrains sont ils tous vendus uniquement par des non corses...
Arrêtons l'hypocrisie s'il vous plaît.
Il y a bien d'autres moyens de lutter contre cela que la violence
Enfin si les corses avaient en majorité suivi ces raisonnement que certains veulent juger majoritaires il y'a longtemps que certains élus ne seraient plus en place...
Ne jamais prendre ses idées pour des vérités est une nécessité s'il on veut réfléchir sans parti pris
bruno (dimanche, 26 août 2012 15:48)
tu es hors sujet ,aleria etait d'un autre temps,mais il a etait necessaire,a mon avis la lutte aujourd'hui pour que nos enfants ne prennent pas 20ans ne peut être que politique,tu es le seul a parler de violence actuellement.Bien sur que les terrains sont vendus par des corses et je ne cotionne pas cet etat d'esprit.Il y a une préssion spéculative que tu es peut être loin de soupsonner.
mes idées sont mes véritées et ma réflexion a bien un parti pris,celui de l'amour que je porte a ma terre
Pierre (dimanche, 26 août 2012 15:53)
Et les locations sur la cote d'Azur elles sont de combien? et les terrains sur la cote d'Azur combien? Parle nous de la spéculation dans l'hexagone
Mais ce qui ne te dérange pas ailleurs te dérange en Corse
Il faut d'abord commencer par balayer devant sa porte
En Corse on a limité les degas, la cote d'azur est bétonné de Menton à Perpignant
olivier (dimanche, 26 août 2012 22:34)
deja à l'époque la violence n'était pas la solution. et je refuse de la cautionner quelque soit ses résultats. cette violence à participer des assassinats de ces dernières décennies.
alors non je ne suis pas hors sujet. effectivement, moins de béton mais on peut parler des paillotes qui interdisent aux non consommateurs de profiter de la plage, des sentiers côtiers et de golfes ( c'est d'actualité je crois)...
alors non, pas hors sujet, mais une lecture qui n'est pas la votre.
FIAT LUX (dimanche, 26 août 2012 23:32)
mon cher Olivier vous avez raison sur beaucoup points,mais je trouve que dans vos propos vous devez être anticorse,mais n’oublie pas une chose,ce sont les anciens et récents gouvernements qui sont pour quelque chose dans la situation ou se trouve la corse,ils ont laissés faire pendant des années ,on a favorisé des clans et de riches industriels,des amis pour de l'argent,et on a mis de coté les revendications des locaux (du peuple corse "et il y a même des étrangers à la corse qui soutiennent ces revendications").
Pierre (lundi, 27 août 2012 17:26)
La violence ? Pourquoi ne pas parler de la violence dans les banlieues Olivier
Les paillotes ? Et les centaines de plages privées sur la cote d’Azur
Les paillotes ? Et le millier de restaurants construits en dur et en toute illégalités sur les plages entre Menton et Perpignan, (uniquement entre Juan les Pins et Golfe Juan 21 restaurants sur la plage tu peux aller compter)
Olivier ta haine de la Corse te fait oublier le reste du monde
Olivier (mardi, 28 août 2012 08:36)
Etre critique, peut être trop parfois n'a rien a voir avec la haine ou un quelconque sentiment anti corse.
Mais en appeler à la haine pour défendre sa position est bien léger!
Il vaut mieux défendre des idées avec réflexion que des positions avec des des images d'Epinal.
La comparaison avec pire ou différent n'apporte pas la solution..,
Pierre (mardi, 28 août 2012 17:00)
Franchement tu ne trouves rien à répondre
Images d'Epinal les violences dans les banlieues ?
Images d'Epinal les plages privées sur la Cote d'Azur ?
Images d'Epinal les restaurants sur les plages de Menton à Perpignan ?
La critique systématique n'est malheureusement que de la haine
Tout n'est parfait en Corse....... comme ailleurs,mais c'est bien pire chez toi, alors un conseil il faut d'abord balayer devant ta porte
olivier (mercredi, 29 août 2012 10:42)
jje persiste,
les violences ailleurs n'excuse pas les nôtres. sinon, comparons la répression coloniale française à la Syrie, à l'URSS au Chili ..... et nous en tirerons la conclusion que la France est bien gentille avec tous les opposants au système ..
comparons des choses comparables pour que cela ait un intérêt.
Pierre (mercredi, 29 août 2012 19:53)
Allons Olivier un peu de serieux
Je te cite les mêmes faits dans le même pays pendant la même periode
Tu me réponds par des faits differents dans des pays differents pendant des périodes differentes
Tu ne trouves vraiment rien à me répondre
Les Jacobins devraient trouver un meilleur avocat que toi
FIAT LUX (mercredi, 29 août 2012 22:50)
Olivier tu nous fatigue,avec tes comparaisons,on te parle des problèmes qu'il y a en France et dans la région Corse,que tu ne sois pas de notre avis est tout à fait normal mais respecte les idées des autres (cela s'appelle la libre expression où la démocratie)allé,à un autre débat..................a prestu.
Olivier (vendredi, 31 août 2012 09:25)
respecter l'opinion des autres ne signifie pas accepter leurs erreurs....
je persiste donc à condamner la violence d'Aleria et ce genre de discours qui cherche à la justifier!
FIAT LUX (vendredi, 31 août 2012 18:18)
bon ça va,on a compris maintenant,tu n’ai pas d'accord.Alors passe à autre chose et regarde comme la vie est belle en au lieu de râler. a prestu.
Olivier (vendredi, 31 août 2012 22:42)
id.
U Sumerone (samedi, 01 septembre 2012 09:52)
@ Olivier, je t'enjoint à consulter un dictionnaire pour découvrir le sens du mot chaptalisation...et aussi un cours d'histoire. Avant 1960 pas de courant dans les villages, il a fallu attendre la rapatriement des "Pieds Noirs" pour voir routes et électricité...
Concernant Aléria c'est l'acte fondateur "politique" en dehors du "riacquistu" des années 70
cette cave fût occupée pour dénoncer certaines pratiques visant à faire passer de la piquette pour du bon vin...
Le jour où tes enfants ne pourront pas se payer une maison voir même un loyer ici, j'ose espérer que tu changeras d'avis.
Olivier (samedi, 01 septembre 2012 17:32)
Cela ne doit pas excuser la violence!
Quant aux leçons... Je ne suis pas aussi présomptueux que vous aussi je me garderai de vous en donner en vous renvoyant à vos cours de philo ou de cathé.
Pierre (dimanche, 02 septembre 2012 10:39)
Entre la violence politique pour dénoncer une escroquerie, et la violence pour établir un trafic de drogue, tu dénonces tu t’insurges de la violence pour dénoncer une escroquerie, mais pas un mot pour dénoncer la violence des trafics de drogue
Tu n’es qu’un provocateur raciste, un jacobin sourd et aveugle, ou les deux
Si tu crois rendre service à la France tu es complètement à coté de la plaque tu es entrain de recruter pour ceux que tu appelles les nationalistes, alors continues
Olivier (lundi, 03 septembre 2012 21:29)
oups, ça dérape.
Silence (dimanche, 23 septembre 2012 08:50)
...une petite minute en souvenir des deux CRS morts pour rien !
Liberté (vendredi, 14 décembre 2012 15:24)
Saluta peuple Corcica,
moi, je revendique que la Corse ou autre terre appartiennent à ceux qui la défendent ... sans ces luttent bientôt, les terres Africaines appartiendront aux Chinois.
si j'ai bien compris, ce que dit E. Siméoni c'est que les luttes des Corses revendiquent le droit aux autochtones de "bien vivre sur leur terre".
Et, les différents combats, passés, présents, et avenir (mêmes si parfois, ils passent par la violence, se que je ne défends pas), revendiquent pour chaque Corse son attachement à ... sa terre et, ... "le bettonage" est l'image de la spoliation des terres de Corse qui passe par l'argent les plus riches.
Les luttes historiques du peuple Corse et ces dirigeants, ne peuvent se résigner à une tutelle de type coloniale.
leurs combats ne peuvent non plus, se résumer au replit des Corses dans cette belle île avec des expressions culturelles si diverses et riches . E. Siméoni dit aussi, "... le colonialisme qui s’est appuyé sur le système claniste pour désarmer et aliéner la population ..." et, "... Aleria a donné un coup d’arrêt sévère à la colonisation agraire ...", "... On ne peut pas nier que l’Etat privilégie le clanisme pour tenter d’éradiquer l’aspiration à la liberté et à la démocratie." Il fini par dire " Le peuple refuse l’aliénation foncière et du patrimoine, la perte de son identité, la submersion démographique, l'anti démocratie et l’archaïsme. Il aspire à la paix et au développement partagé. Le dialogue, franc et sincère entre toutes les forces vives de l’île et de la diaspora, de tous les élus avec l’Etat est la seule solution transactionnelle qui prenne en compte les intérêts légitimes des parties."
La république française de 1789 ne peut se priver de ne pas tenir compte de toutes les luttent sociales des Corses. Ne pas tenir compte de ces conditions révoltent pas seulement les corses mais, bien d'autres peuples aussi ... . On ne peut pas glorifier les divers soulèvements Tunisie, Libye, Egypte, Syrie sans améliorer les revendications des Corses.
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