Membre de l’exécutif de Corsica Libera, François Sargentini explique, à Corse Net Infos, la position de son mouvement face à la scission avec Rinnovu Naziunali, position inchangée depuis l’assemblée générale de février dernier. Rejetant toute volonté hégémonique, il estime que chacun fera sa route et que la scission ne fragilisera en rien Corsica Libera.
- Comment réagissez-vous au communiqué d’U Rinnovu ?
- Nous avons eu une réunion de concertation avec U Rinnovu. Nous avons constaté que, depuis pratiquement un an, plus aucun travail en commun n’avait été fait. Alors que l’Assemblée générale avait donné une direction et un exécutif dûment constaté et acté par une majorité importante des militants et avait décidé d’orientations politiques majeures pour la Corse. Un certain nombre de militants ont pensé qu’ils ne trouvaient plus leur espace au sein de Corsica Libera. Nous avons fait le constat qu’il ne pouvait plus y avoir de fonctionnement commun. A partir de là, il fallait bien envisager de suspendre leur participation. La décision a été prise de se séparer.
- Cette séparation, la souhaitiez-vous pour clarifier la situation ?
- Oui. Il était préférable de clarifier la situation. C’était, pour nous, rester avec un problème en suspens. Il vaut mieux que les problèmes soient réglés de manière apaisée. Ce qui a été fait d’un commun accord. Nous sommes tranquilles. Nous ne sommes plus dans les années 90 où les scissions et les séparations étaient des drames. Le mouvement national a gagné en maturité. Il est capable de gérer ses différences et ses divergences de manière cohérente et apaisée. La séparation s’est faite sans problème à ce niveau-là.
- Pourquoi avez-vous rejeté les propositions d’U Rinnovu ?
- Nous n’avons rien rejeté. Il y a eu une assemblée générale et un vote à bulletin secret. Les militants se sont prononcés à 97% pour notre sensibilité qui est majoritaire.
- Mais ce vote ne revenait-il pas à exclure les tendances minoritaires ?
- Non. Corsica Libera a été créée pour fonctionner, en interne, avec des tendances. Quand nous l’avons fondée, nous avons désigné l’exécutif en fonction des organisations qui participaient à sa création. Et puis, au bout de deux ans, même trois ans, les militants ont dit qu’il fallait appliquer les statuts qui régissent la vie de Corsica Libera et qui ont été signés par tout le monde. Ce qui a été fait pendant l’assemblée générale où toutes les tendances ont pu s’exprimer. Celle du Rinnovu aussi aurait pu le faire, elle a choisi de ne pas participer au vote.
- N’aurait-il pas été plus sage de leur laisser un espace d’expression ?
- L’espace d’expression, ils l’avaient, de fait, dans Corsica Libera ! A partir du moment où ils ont adopté les statuts, ils avaient un cadre, ils n’avaient qu’à s’en servir à l’assemblée générale, ils ont refusé de le faire. Ils pouvaient le faire après, s’exprimer en interne, ils ont refusé. Ils ne sont plus venus aux réunions. L’élu territorial, qui fait partie de l’exécutif, n’est plus venu aux réunions de l’exécutif. Les militants sont venus dire qu’ils ne participeraient plus. S’ils étaient venus, s’ils avaient participé, s’ils avaient occupé leur place, ils auraient eu leur place quoiqu’il arrive. Maintenant, chacun fera sa route.
- Cette scission ne risque-t-elle pas de vous fragiliser ?
- Ce qui se passe aujourd’hui est quelque chose qui clôt une situation, mais qui n’hypothèque en rien l’avenir pour le mouvement national qui est une force politique majeure en Corse. Corsica Libera occupe un espace politique qui représente la lutte de libération nationale. Nous avons des militants sur le terrain. Nous avons un projet politique important, nous portons des idées qui sont débattues à l’Assemblée territoriale et nous sommes prêts à participer aux projets d’évolution institutionnelle en cours. Nous sommes sereins, nous avons un contenu politique, des propositions. Nous allons jouer pleinement notre rôle. Nous sommes prêts à partager et à débattre avec tous les partis.
- Vos appels à l’union nationale ne sont pas entendus. Pourquoi les nationalistes ont-ils du mal à s’unir ou à rester unis ?
- Nous n’avons pas d’avis sur la question. Nous pensions que le mouvement national pouvait proposer une alternative, ensemble. Aujourd’hui, les modérés ne sont pas sur cette position. Depuis I Ghjurnate, nous avons pris une orientation générale de travailler avec les différentes forces politiques qui acceptent de le faire et qui nous ont demandé de le faire. Nous allons le faire pleinement, nous pensons que c’est la meilleure solution puisque ce que nous avions proposé initialement n’est pas possible.
- Allez-vous quand même discuter avec les modérés et U Rinnovu ?
- Nous n’excluons de discuter avec personne. Pour l’avenir de la Corse, nous discuterons avec tout le monde, avec tous ceux qui seront d’accord pour discuter avec nous.
- Avez-vous des discussions en cours avec les modérés ?
- A l’assemblée de Corse, nous discutons ensemble sur les sujets présentés, sur les projets qui sont déterminants pour le mouvement national. Il y aura certainement des votes communs avec les modérés et des prises de position qui iront dans le même sens. Chaque sensibilité politique doit contribuer au projet de la Corse. Corsica Libera contribuera à sa manière à ce projet et s’associera à toutes les bonnes volontés qui désirent travailler avec nous.
Propos recueillis par Nicole MARI
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