L’accord national « + de services au public », signé le 28 septembre 2010 par l’Etat et 9 opérateurs, donne lieu à une expérimentation sur 3 ans dans 22 départements, dont celui de la Haute-Corse. Le 1er point d’étape, établi à la fin de la 1ère année, n’est guère satisfaisant dans le département. Il a été boudé par la plupart des 20 maires qui ont passé des accords avec les prestataires. Le préfet de Haute Corse, Louis Le Franc, explique, à Corse Net Infos, qu’il faut revoir la copie.
Le contrat départemental de la Haute Corse a été signé le 7 novembre 2011 par le préfet, les opérateurs : EDF, La Poste, Pôle Emploi, la CAF, la CARSAT, la CPAM et la MSA et une vingtaine de collectivités. Il a pour objectif d’impulser une nouvelle donne aux territoires ruraux par un partenariat entre acteurs publics et opérateurs privés de service public. Il est censé garantir une répartition équitable et équilibrée de l’offre de services dans les territoires ruraux et apporter une réponse adaptée aux attentes des usagers par la mutualisation des moyens et le recours aux nouvelles technologies. Les opérateurs s’étaient engagés à multiplier les points d’accès aux services en zones rurales, à simplifier l’accès et clarifier l’offre de ces services par l’usage des nouvelles technologies, de mieux accompagner et conseiller les usagers et les projets.
- Quel 1er bilan faites-vous de cette expérimentation ?
- Cette expérimentation, qui dure 3 ans, a été engagée par la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale), une instance nationale qui demande de faire un 1er bilan, après la 1ère année, pour vérifier les conditions de mise en œuvre de ces différentes actions menées sur le département. Ce 1er bilan d’étape n’est pas satisfaisant. L’expérimentation n’a pas produit les effets attendus.
- Pourquoi ?
- Pour une raison simple. Les attentes des maires et des populations des 20 communes, qui ont passé un accord avec les différents prestataires de service public, n’ont pas été satisfaites par les prestataires. Il y a eu une méprise complète par rapport à l’attente globale.
- Qu’allez-vous faire ?
- Comme il s’agit d’une expérimentation, nous n’allons pas baisser les bras. J’ai demandé, à la fois, aux élus et aux prestataires, de me dire quelle est l’origine de cette méprise. Est-ce qu’il s’agit d’une incompréhension ou bien d’une incapacité globale des prestataires à satisfaire les demandes qui ont été exprimées, il y a quelques mois ?
- Qu’en est-il, selon vous ?
- Pour moi, il y a deux aspects. Le 1er est qu’il y a eu une méprise et une incompréhension. Les élus attendaient la mise en place de référents, c’est-à-dire de personnes qui, physiquement, pouvaient apporter des réponses techniques aux questions précises de la population. J’ai demandé aux prestataires, qui sont dans une logique de moyens financiers constants, de m’indiquer très clairement ce qu’ils sont capables de faire et surtout ce qu’ils ne sont pas capables de faire pour améliorer la qualité du service public.
- Qu’attend la population ?
- C’est très simple. Elle attend de ne pas être obligée de prendre sa voiture pour parcourir des kilomètres, d’être coincée dans des files d’attentes, d’avoir des réponses simples et fiables à des questions simples et précises, de ne pas s’entendre dire que leur dossier n’est pas complet, de devoir revenir 15 jours plus tard avec un dossier qui va, peut-être encore, susciter un certain nombre d’interrogations et d’insatisfactions. Il faut être plus efficace.
- Quel est le 2ème aspect ?
- Il relève de la responsabilité globale de la puissance publique, j’y intègre les élus. Nous sommes en train de construire la carte intercommunale. Il y aura, dans le département, 12 structures intercommunales. Peut-être serait-il plus intelligent de mettre en place cette forme de réponse par des référents dans les 12 sièges des futures communautés de communes qui vont naître l’année prochaine ? Plutôt que de proposer une présence aléatoire de spécialistes dans un certain nombre de communes, sachant qu’il y en a 236 dans le département. D’autant que cette présence ne suscite que des insatisfactions et que certains prestataires, faute de moyens, la remettent en cause. Si on construit une carte communale, ce n’est pas pour rien ! Elle doit servir, d’abord, à la population. Il y a, là, une piste intéressante à creuser.
- Que pensent les prestataires de cette proposition ?
- Ils sont d’accord. Je vais leur donner la carte intercommunale. Dès que les sièges des futures communautés de communes leur seront communiqués, ils auraient tout intérêt à se réorganiser en conséquence et à mettre sur pied des plateformes de service public avec des permanences et des présences tournantes de référents pour assurer une réponse à la population et aux élus. Chose qui, aujourd’hui, ne se fait pas ! Sur certaines parties du territoire, il n’y a strictement personne ! La population ne voit jamais qui que ce soit d’EDF, de la CPAM ou de la MSA. Il s’agit de changer cela.
- N’est-ce pas surtout un problème de moyens financiers ?
- Oui, mais on parle beaucoup, en ce moment, des contrats d’avenir. Peut-être y aurait-il des niches intéressantes pour créer des emplois qui permettraient aux prestataires d’offrir une réponse qui ne l’est, pour l’instant, que de manière très imparfaite parce que la couverture du territoire départemental n’est pas assurée !
Propos recueillis par Nicole MARI
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