Un incident technique, lié aux aléas d'Internet, ne nous a pas permis de vous rendre compte plus tôt de la rentrée politique de Femu a Corsica, dimanche à Corte. Nous nous en excusons.
À l'orée d'un automne politiquement chargé avec la mise en débat à l'Assemblée de Corse de leurs revendications historiques devenues les grands dossiers de la mandature, les Nationalistes modérés ont appelé à la mobilisation générale et donné la parole aux militants. Leurs troupes ont profité de l'occasion pour exprimer leurs inquiétudes.
" Nous avons fait vaciller des citadelles qui, nous l'espérons, tomberont bientôt ". C'est par ces mots que Jean-Christophe Angelini a ouvert la réunion de rentrée des Nationalistes modérés. Mais pour faire tomber une citadelle, il faut une armée en ordre de bataille, capable d'imposer un rapport de forces et de peser sur les événements d'autant que la partie s'annonce difficile et parsemée d'obstacles. La partie, c'est l'évolution constitutionnelle en cours d'élaboration à l'Assemblée de Corse (CTC). Les obstacles, ce sont ses détracteurs des deux côtés de la Méditerranée qui, partis en guerre contre toute velléité de changement, usent et abusent d'arguments éprouvés lors du vote des précédents statuts. C'est également le mutisme de l'Etat qui rend les Nationalistes plus que "circonspects". Et, l'armée, qui doit abattre ou surmonter ces obstacles, c'est Femu a Corsica renforcé et réorganisé en parti de gouvernement. "Nous avons besoin de vous, de tous ceux qui aspirent à un changement profond. Aidez-nous à franchir, dans les mois qui viennent, ces obstacles pour offrir un avenir décent à notre peuple", prévient l'élu territorial.
Une réunion de combat
Pour obtenir ce soutien, les leaders de Femu a Corsica ont décidé de donner, en priorité, la parole aux militants dans "un rendez-vous de mobilisation et de combat", selon le mot de Gilles Simeoni. Et la parole, les militants l'ont prise, parfois avec vigueur, pour exprimer des inquiétudes fortes qui, au final, rejoignent celles de leurs élus.
L'inquiétude, d'abord, d'être bernés par cette ébullition institutionnelle, cette montagne de discours, de propositions et de débats qui pourraient bien n'accoucher que d'une souris. Le risque est réel et la crainte ressentie se double, chez la plupart, d'une suspicion à l'égard de la majorité territoriale et de son président que certains militants n'ont pas ménagé. La base veut bien d'un compromis, pas d'une compromission. Les élus ont du expliquer que discuter et négocier un consensus, ne signifie pas "renier ou transiger avec les fondamentaux", ni "cautionner des pratiques ou des dérives antidémocratiques". C'est que l'exercice est difficile pour les modérés pris entre le marteau et l'enclume, entre la nécessité de trouver un équilibre aléatoire et un accord politique avec ceux-là même qu'ils critiquent sans relâche !
La controffensive sociale
Inquiétude également de voir le front républicain remporter la victoire avec un argument social et économique qui a déjà fait ses preuves, mais qui est encore plus prégnant en ces temps de crise. "Nous n'acceptons pas qu'on oppose, de manière caricaturale, ceux qui défendent l'emploi, le logement, le coût de la vie, à ceux qui, comme nous, n'auraient en tête que des modifications institutionnelles. Toutes ces questions sont au coeur de notre combat. Nous voulons les résoudre avec des pratiques et des politiques nouvelles", contrattaque Jean-Christophe Angelini. Il n'est pas question pour les modérés de laisser la problématique sociale aux mains des anti-évolutionnistes pour qu'ils réussissent à en faire une arme fatale. La controffensive viendra, dès la prochaine session de la CTC, où le groupe prendra une série d'initiatives, qu'il n'a pas dévoilée, mais qui consiste à intégrer, dans le prochain statut de la Corse, un projet social important.
Le devenir du mouvement
Autre inquiétude, toute aussi vive : le devenir du mouvement Femu a Corsica, sorte de plateforme de coalition entre trois partis : le PNC, Inseme per a Corsica et A Chjama.
Et une partition entre les tenants de la fusion, groupés autour de Jean-Christophe Angelini, leader du PNC, et ceux du maintien du pluralisme, emmenés par Gilles Simeoni, leader d'Inseme per a Corsica.
Le premier défend, depuis le début, l'idée d'un parti unique, pyramidal, avec un chef à sa tête, dont le but est de devenir un vrai parti de gouvernement. Soulignant "l'importance des convergences sur le fond politique, l'état d'esprit et la culture" entre les trois tendances, il faut, estime-t-il, "leur donner une nouvelle orientation".
Le second privilégie une approche plus pragmatique qui vise à rassembler le plus grand nombre sans s'enfermer dans une étroite logique de parti, ni brûler les étapes.
Des positions inchangées
Pour le leader nordiste, ce débat n'est pas d'actualité, "il nous fait perdre du temps qu'il faut consacrer au combat politique. Nous avons conscience de la faiblesse du mouvement, du décalage existant entre notre degré d'organisation et la tâche qui nous attend. Nous avons un pays à construire, des espaces à occuper dans tous les domaines. Il faut se forger une organisation politique pour cela", mais, poursuit-il, pas avec "des unions d'appareil à marche forcée ou un unanimisme de façade".
Depuis l'union, effectivement, à marche forcée pour les territoriales, chacun campe prudemment sur ses positions. La base, elle, s'interroge, à la fois partagée et perplexe. La question de l'organisation de Femu a Corsica se pose de façon récurrente et continuera de se poser si le mouvement prend de l'ampleur tant au niveau de ses troupes que de son influence politique. Quand à savoir quel est l'outil le plus approprié ou le meilleur cheval pour gagner la course de fond, la question est loin d'être tranchée !
Se mobiliser
À chaque inquiétude, les leaders de Femu a Corsica répondront par un appel : la mobilisation. Se mobiliser pour nourrir les débats en interne et donner du poids à l'argumentaire des élus territoriaux. Se mobiliser pour que le consensus qui sera, peut-être, arraché à la CTC, "mais qui reste encore à construire", s'adosse à "un puissant mouvement d'opinion sans quoi il restera lettre morte", plaide Gilles Simeoni. Se mobiliser pour forcer l'Etat à "s'engager clairement", mais pas dans une "autonomie au rabais".
Se mobiliser enfin pour que Femu a Corsica devienne "un mouvement national fort, capable d'agréger des hommes et des femmes susceptibles de s'emparer des responsabilités et de les exercer", poursuit-il.
De la même façon, Jean-Christophe Angelini exhorte : "Le degré d'accélération de Femu a Corsica dépendra, pour l'essentiel, de votre implication. Engagez-vous, mobilisez-vous, soyez présents sur le terrain ! Faisons de Femu a Corsica l'outil majeur de l'émancipation de la Corse !".
Coordonner les élus locaux
Dans cet esprit, la Commission de coordination des élus locaux, en sommeil depuis sa création, est réactivée et tiendra une réunion dimanche prochain. L'objectif est d'ouvrir un espace de travail, hors du cadre de la CTC, animé uniquement par des élus locaux.
Les leaders renvoient donc la balle dans le camp des militants avec un message clair : le combat politique ne s'arrête pas aux échéances électorales. Il est plus que jamais d'actualité. "Vous avez raison de vous inquiéter ", conclut Gilles Simeoni, "mais les forces vives de ce peuple sont autour de nous".
S'il n'est pas sûr que le rapport de forces politique en faveur de l'évolution institutionnelle fasse réellement plier Paris, il est certain que son absence ne prédisposera pas le président de la République et son gouvernement à engager un énième débat corse dont ils se passeraient bien.
N. M.
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Marchettu (jeudi, 20 septembre 2012 23:26)
Appeler à la mobilisation générale tout en créant les conditions de la démobilisation, par la pérennisation d'un déficit récurent en matière d'organisation et de pratique démocratique interne, ce n'est pas la la moindre des schizophrènie politique!
La réalité est que le groupe d'élus s'est approprié Femu au mépris de ceux qui les ont élus, s'imposant despotiquement comme uniques dirigeants alors qu'ils ne devraient être que les mandataires d'un mouvement qu'ils maintiennent sciement dans le flou et la desorganisation. Ils décident seuls, ils commandent quand ils ne devraient qu'exécuter. Alors, au lieu d'appeler à une mobilisation qu'ils empêchent par leurs méthodes despotiques, ils feraient bien mieux de se demander pourquoi cette "rentrée politique" à été un échec singlant. Et qu'on ne vienne pas nous dire, lors des échecs futurs, que c'est la faute de la base qui n'a rien compris, qui a fauté, voir trahi en ne répondant pas aux appels de "l'élite".., Laquelle, si elle ne se remet pas enfin en question, ne devra qu'à son aveuglement coupable son immense solitude et son prévisible échec.
Alline Talkington (dimanche, 22 janvier 2017 13:10)
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