On s’en doutait un peu, sans doute moins que le leader de la veille, à savoir Philippe Gache, qui a su parfaitement gérer sa course et rouler à « sa main » durant les autres épreuves, tout en sachant que derrière, Erik Comas n’avait rien lâché ou presque. Ainsi, dès le petit matin du troisième jour, la Porsche prenait littéralement la poudre d’escampette et effaçait les 5 petits dixièmes de la veille pour les remplacer par 22 secondes. Une éternité en gestion. Il fallait le laisser faire. Il l’a fait, avec maestria et efficacité. Vendredi soir à Porto-Vecchio, les jeux semblaient faits (encore que…) mais Philippe Gache tenait à bout de bras son deuxième succès en Corse. Enfin presque !
L’ES 10, entre Letia et Vico avait été annulée la veille pour cause d’éboulement, les concurrents devaient directement rejoindre la Liscia (Tiuccia) pour une épreuve chronométrée de 19 kilomètres jugée au col de Sarsoghju, au dessus de Sarrola. C’est là que gache demanda le maximum à sa Porsche et l’emportait devant l’étonnent Jean-Charles Redélé, Bonnardel et enfin Comas, probablement victime d’une broutille qui le laissa à 22 secondes du leader. Epreuve au cours de laquelle Manzagol revenait fort, sans ses pépins de la veille, ainsi que Van de Poele, très à l’aise, tandis que Jean-Claude Andruet semblait « lever » un tantinet, ne réalisant que le 7e temps. A noter dans cette spéciale, le bon chrono de De Gentile, Antonini et Torre.
Revenus aux portes d’Ajaccio par la nationale, les concurrents se dirigèrent aussitôt vers la Rive Sud du golfe pour prendre le départ de l’épreuve chronométrée No 12, la classique parmi les classiques Acqua Doria-Stiliccione (14 km).
Comas renonce, Manzagol attaque,
Redelé assure
Contre toute attente, heureuse surprise, c’est Philippon qui réalisa le meilleur chrono devant Philippe Gache, pointé à seulement 4 petites secondes, donc sans conséquence, alors qu’Andruet revenait dans le trio de tête suivi de Jean-Pierre Manzagol, en furieux attaquant. Suivaient Canavese, Jenot, Puren et Bonnardel, devant les Toedli et de « Jon Of B » avec Jean-Claude Torre dans sa roue. Point de changement au général, surtout pour Gache, Andruet et Redélé, confortés dans leurs positions respectives. Plus dur en revanche pour Erik Comas, qui connut de gros pépins mécaniques sur la Lancia Stratos qui le contraignirent à l’abandon pur et simple. Dommage pour cet animateur des premiers jours ayant fait figure de vainqueur potentiel. L’ancien pistard vainqueur du volant Elf reviendra sans doute sur ce terrain qu’il apprécie tout particulièrement.
Les positions étant clairement acquises pour les meneurs, c’est de nouveau Philippon qui faisait montre de ses bonnes dispositions dans la spéciale Martini-Fozzano longue de 14 kilomètres. Des passages à couper le souffle, du monde sur les routes avec en toile de fond un soleil radieux et une température avoisinant les 29 degrés. Philippe Gache suivait devant Andruet et Manzagol dont le comportement laissait augurer de futures attaques pour rattraper le temps perdu l’avant-veille. Le spectacle était réellement beau à suivre.
Au classement général à l’issue de cette troisième étape, Philippe Gache semblait effectivement bien calé dans son fauteuil de leader, comptant près de trois minutes d’avanbce sur Jean-Claude Andruet, le « sage » qui a roulé à sa main, avec toujours ce panache qui fait de lui le pilote le plus proche des amateurs insulaires. Tout comme « Biche » à ses côtés, agréable et répondant avec son éternel sourire aux sollicitations des spectateurs.
Trisième et très incisif, Jean-Charles Redélé mène sa course avec beaucoup de brio, gérant avec talent l’avance acquise depuis le départ de l’épreuve. Il devra toutefois se méfier de Bonnardel qui n’est pas très éloigné de lui. Réponse cet après-midi à l’Ile Rousse…
Philippon, à la faveur de ses deux scratches, revient à une très honorable 5e place. Il peut sans doute progresser davantage si l’attaque est au rendez-vous aujourd’hui. A suivre. Journée tranquille en revanche pour Puren et Jenot, qui restent aux places d’honneur. Revenu à la 8e place, Jean-Pierre Manzagol a sans doute oublié les pépins des premiers jours. Aujourd’hui, au vu des spéciales et de ses dispositions, il pourrait certainement jouer les trouble-fête et grignoter quelques places…
Chez nos compatriotes, Abatti se classe 11e, Jean-Claude Torre suit à quelques secondes, De Gentile se trouve en bonne 16e place, suivi de Antonini, Leandri père et fils, Martini-Fieschi, Marcelli, Fataccio etc.
4e et dernière étape : Porto-Vecchio-L’Ile-Rousse
Tout aussi coriace que les précédentes, la dernière étape mènera les concurrents de Porto-Vecchio à L'lle-Rousse.
Aux abonnés absents
La traversée des villes et des villages par le 12e Tour de Corse Historique est un événement majeur. L’accueil est chaleureux partout où la caravane s’installe. Lorsqu’elle marque une pause, ce sont des centaines voire plus de gens qui se déplacent et pénètrent librement dans les parcs pour discuter avec les équipages sans qu’un officiel ne vienne interrompre l’entretien. On se croirait bel et bien lors des anciens Tour de Corse, avec cette ambiance familiale et décontractée qui faisait son charme. Et personne ne trouve à redire. Yves, José et leur équipe ont voulu cela et ça marche. Les gens viennent, s’approchent et assistent de près aux travaux d’assistance, débattent et se régalent. Un Tour comme on les aime.
C’est partout la même chose. Le jour du départ à l’le-Rousse, sur une place noire de monde et de soleil, à St Florent, où l’accueil a été particulièrement soigné, on en redemande. A Porto-Ota, la petite cité balnéaire avait revêtu ses habits de lumières (en a-t-elle vraiment besoin avec un cadre pareil ?) et Porto-Vecchio enfin, ville du cyclisme et du sport automobile, on vous laisse imaginer l’ambiance et l’accueil que les concurrents et leurs accompagnateurs ont reçu hier en fin d’après-midi. Dans ces villes, la caravane était tellement importante que bon nombre de suiveurs ont été obligés de chercher le gîte dans toutes les régions traversées. Et ils ont été accueillis avec
chaleur et amitié. Si cela n’est pas la preuve du succès.
Oui mais voilà, une manifestation qui attire près de 2000 personnes une semaine durant, l’image qu’elle véhicule à travers les nombreux médias présents, le remarquable travail des organisateurs et une épreuve qui est en train se hisser au firmament de l’Historique mondial, tout cela n’intéresse visiblement pas nos capitales voire nos institutions. A Bastia comme à Ajaccio, le sport auto semble ne pas faire recette selon quelques censeurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. C’est d’autant plus regrettable que partout ailleurs, la discipline préférée des insulaires après le foot ce ne peut être que le sport auto. Cela a été prouvé à maintes reprises au fil des décennies.
Pourtant nos élus semblent ne pas le comprendre. Ou ne veulent pas !
S’ils savaient au moins que l’Historique prend le pas sur les épreuves modernes. Que leur faut-il comme élément de comparaison ?
Cette manne économique de fin de saison ne semble sans doute pas les convaincre. Ils n’ont que se renseigner auprès des villes traversées. Peut-être cela suffira-t-il à les décider enfin à sortir des abonnés absents, à aller vers ce qui avance. J. F.
Écrire commentaire