Drôle de bonhomme que Philippe Gache. Pilote éclectique dans toute l’acception du terme, il est venu tâter le terrain une première fois sur les conseils de son ami Yves Loubet. Il a gagné l’année suivante. Il est revenu tout auréolé de son titre, mais avec une pléiade de vainqueurs possibles et, en toile de fond, une épreuve autrement plus coriace. Il a attendu, apprécié, puis a attaqué et pris les devants à la régulière pour se consacrer à la gestion les deux derniers jours dès lors que Comas s’était retiré. Mais il est resté grand joueur et nous a fait profiter de son talent de pilote tout au long des dernières spéciales. Après cette deuxième victoire, Philippe Gache entre de plain-pied dans le cœur des corses. Il le mérite tant…Lui et son coéquipier Nicolas Rivière, ça va de soi.
Vendredi soir sur les quais de Porto-Vecchio, les concurrents, dans leur totalité, semblaient visiblement fatigués. Des attaques, du routier mais aussi tous ou presque victimes des 29 degrés qui ont chauffé la course 8 ou 9 heures durant. Avec l’assistance indispensable en prime. On comprend leur état. Mais aussi la bonne humeur affichée avec les spectateurs, passionnés et se montrant réconfortant et prêts à donner la main. C’est cela l’âme profonde du Tour de Corse Historique, sa véritable vocation.
Premières escarmouches peu après 8 heures hier matin, entre Pont d’Acoravo et Zerubia, une superbe épreuve remportée par le leader devant Jean-Claude Andruet à cinq secondes, suivi de J.P. Manzagol qui grignotait une place. Derrière, Redélé, Van de Poele et Bonnardel se signalèrent également, tout comme Jenot, Barile et J.C. Torre, très remonté. A noter également le 13e temps de François Leandri qui a découvert seulement la Porsche le jour du départ mais qui s’est assez vite familiarisé avec.
Le bon coup du père Andruet
Très détendu depuis le départ de la course, Jean-Claude Andruet reste plus que jamais au contact du leader, avec sa vision des choses et sa riche expérience. On le sentait plus encore motivé hier matin et on savait qu’il nous préparait quelques chose de géant. Ce qu’il fit avec sa hargne volontaire, sa farouche détermination à aller au-delà de soi. Dans Ghisoni Abbazia, il a sans doute vu redéfiler les passages d’une certaine époque, et s’est probablement rappelé qu’il avait établi des records sur cette spéciale mythique du Tour de Corse : « Je me suis libéré, j’ai attaqué et avec « Biche », nous nous sommes amusés comme des fous, comme aux plus beaux jours » nous disait-il au regroupement d’Aleria. Résultat ? Un temps scratch et un superbe record de l’épreuve avec les 28,7 km entre Ghisoni et Abbazia, avalés en 20’12’’ soit 23 secondes de mieux de Philippe Gache, suivi de Puren et Manzagol alors que Abati et Nanni signaient un encourageant 8e temps.
De son côté, Philippe Gache, pratiquement assuré de son second succès, conservait son self contrôle et assurait judicieusement son capital, à savoir ses 2’37’’ d’avance sur l’ancien pilote de Fiat-France, triple vainqueur du Tour de Corse.
Enthousiasmé par son succès dans Ghisoni, revoilà Jean-Claude Andruet à l’attaque, plus affûté que jamais, remettre les gaz dans la très rapide épreuve d’Antisanti-Muracciole (20,4 km). Il était aux anges, littéralement déchaîné, « ciarbell’in bocca » signer un nouveau scratch pour le plus grand bonheur des spectateurs, surpris par autant de vivacité. Philippe Gache, quasiment assuré de l’emporter, suivait à 15 secondes avec Manzagol dans sa roue. Superbe spectacle avec Redélé, Puren, Bonnardel, Jernot Lagier et Torre.
Ils voulaient du coriace, ils en ont eu. Certains estimaient que trois jours semblaient suffisants pour savourer l’épreuve. Les inconditionnels ont préféré la formule à quatre jours pour assouvir totalement leur passion du Tour. Et les plus solides sont allés jusqu’au bout, à cette portion de 14 kilomètres entre Francardo et Aiti.
Et, surprise, c’est le remuant Bonnardel qui signait le dernier scratch de l’édition 2012, confirmant par la même son excellent comportement quatre jours durant. Jean-Claude Andruet complète le podium de cette épreuve avec Manzagol dans sa roue, suivi de Abati et Redélé.
Voilà, c’est fait. Philippe Gache a récidivé et signé sa seconde et brillante victoire dans un Tour de Corse particulièrement relevé, coriace d’un bout à l’autre et surtout superbement organisé. Deuxième comme l’an dernier, Andruet aura une fois encore marqué cette épreuve de son panache. Troisième, Jean-Charles Redélé réalise une superbe course qui n’est pas sans rappeler le talent de son illustre papa. Comme Bonnardel et Manzagol qui suivent aux 5e et 6e places. Au pied du podium, Puren-Mizael ont également effectué une course propre. On trouve ensuite Jenot-« Slo », Servais-Decré, Abati-Nanni et Jean-Claude Torre, dans le top ten.
Je conserverai cette réflexion d’un concurrent, habitué des épreuves historique. Il finissait de chouchouter son auto et lorsque je me suis approché de lui, il était en train de dire à son coéquipier : « Tu vois, on en bave, on est littéralement vidés, mais on continue. Personne n’est capable de nous offrir une telle épreuve ailleurs. C’est la plus belle épreuve du monde ! »
J.F
Photos Gilbert Guizol
Le classement général
1. Gache / Riviere (Porsche 911) 3h36:07.9
2. Andruet / "Biche" Porsche 911 Rsr 3h38:10.3
3.Redele / Dessex Alpine Renault A110 3h44:18.0
4.Puren / Mizael Renault 5 Turbo 3h44:50.1
5.Bonnardel / Cecarrelli Porsche 911 Sc 3h44:50.7
6.Manzagol / Guglielmi 3h45:18.1
Renault 5 Turbo
7.Jenot / "Slo" 3h46:10.5
Ford Escort Mk2
8.Servais / Decre 3h49:22.4
Porsche 911 Rs
9.Abbati / Nanni 3h50:09.1
Porsche 911
10.Torre / Cullieret 3h50:44.7
Renault 5 Turbo
11.Barrile / Chiappe 3h50:56.3
Talbot Sunbeam Lotus 12.Antonini / Domenech 3h52:29.6
Porsche 911 Sc
13.Triniane / Triniane-Gambassi 3h55:15.2
Porsche 911 Scg
14.Rouby / Garcon 3h55:18.7
Renault 5 Turbo
15.Leandri / Leandri 3h56:21.3
Porsche 911
16.Vandromme / Raffaelli 3h56:29.9
Porsche 911 Sc
17.Cochin / Lempereur 3h56:33.0
Alpine Renault A110
18.Thome / Trippier 3h57:34.4
Porsche 911 Sc
19.Ancelin / Ancelin 3h57:38.3
Talbot Sunbeam Lotus
20.Mondron / Werner 3h59:08.5
Porsche 911 S
21.Peauger / Conconi 4h00:02.1
Porsche 911 Sc
22.Martini / Fieschi 4h00:19.2
Opel Kadett Gte
23.Marcelli / Quilici 4h01:55.3
Ford Escort Mk2 +1:00.0
24.Deblauwe / Houbben 4h02:05.1
Porsche 911 Sc
25.Modini / Jaudel 4h02:41.4
Porsche 911 Sc
26.Huygue De Mahenge / Huygue De Mahenge 4h03:04.0
Porsche 911 S
27. Crozet / Ailloud-Perraud 4h03:40.7
Bmw M3.23 I
28.Lagier / Faure 4h04:01.3
Porsche 911 Sc +1:10.0
29.Cochin / Janou 4h04:42.2
Opel Kadett Gte +2:20.0
Accueil chaleureux à Aleria
Qu’il était attendu avec impatience le Tour à Aleria, où l’on s’est mis en quatre pour accueillir la caravane. Les petits plats dans les grands bien sûr, un parc fermé en plein centre de sorte que tout le monde pouvait s’approcher des voitures et des pilotes et bien entendu, la traditionnelle table avec des produits locaux de toutes sortes, du vin du terroir avec cette ambiance qui rassure, qui fait du bien au cœur des suiveurs…
Enfin on l’a rencontré sur une épreuve, en chair et en os, toujours le même, affûté comme jamais et l’allure sportive. C’est de Joseph Pantalacci qu’il s’agit, qui possède quelques centaines de rallyes à son compteur, notamment aux côtés de Jean-Louis Clarr et quelques autres pointures du rallye international. Jean-Claude Andruet, surpris mais heureux de le rencontrer lui a même rappelé qu’il lui avait demandé de courir à ses côtés…vainement. Aujourd’hui, Joseph préfère de loin la battue au sanglier…
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